Staffan de Mistura, émissaire de l'ONU en Irak, a gagné une première manche en amenant les délégations des deux belligérants à venir discuter dans le cadre solennel du Palais des nations de Genève. Il devait s'entretenir, hier, à nouveau avec l'un et après avec l'autre en commençant par la délégation de Damas qu'il a reçue dans la matinée. Toutefois, le processus en vue d'une solution politique en Syrie paraît extrêmement fragile. Après avoir rencontré, lundi dernier, de Mistura, la délégation de l'opposition a dit avoir reçu de l'ONU des « messages très positifs », mais a réitéré ses exigences de mesures humanitaires. Il s'agit de la levée des sièges, la libération de détenus et l'arrêt des attaques contre les civils par les bombardiers russes. Quelques heures après la fin de la rencontre, l'ONU annonçait que Damas avait donné son accord de principe à l'envoi de convois humanitaires dans la ville assiégée de Madaya, où 46 personnes sont mortes de faim depuis décembre 2015, et dans deux autres villes, Kafraya et Foua, assiégées par les rebelles. Le Haut-Comité des négociations (HCN), qui regroupe des politiques et des représentants des groupes armés en Syrie, réclame des améliorations tangibles sur le terrain. de Mistura est allé dans leur sens. « Nous devons vraiment voir quelque chose de concret, en dehors d'une longue et douloureuse négociation », a-t-il indiqué. Si l'arrêt à court terme des bombardements semble irréalisable, travailler en vue de la libération de civils, femmes et enfants, « serait un premier signal que quelque chose de différent est en train de se produire », a estimé de Mistura. « Discussions difficiles et compliquées » « Nous écoutons avec attention les préoccupations du HCN, et nous allons écouter les préoccupations du gouvernement », a fait valoir de Mistura. De son côté, Al-Jaafari, dirigeant la délégation gouvernementale, a déjà accusé la partie adverse de ne pas être « sérieuse » et de comprendre des « terroristes » en son sein. Les discussions intersyriennes, dont le cadre a été fixé par une résolution de l'ONU en décembre, visent à mettre en place une autorité de transition avant l'organisation d'élections à la mi-2017. L'émissaire de l'ONU, qui prévoit des discussions « difficiles et compliquées », veut instaurer un dialogue indirect entre les deux camps. Pour pousser le processus, un grand nombre de diplomates des principaux pays impliqués directement ou indirectement en Syrie sont présents à Genève. Une conférence des donateurs est enfin prévue demain à Londres pour lever des fonds en faveur des 13,5 millions de personnes en situation de vulnérabilité en Syrie et aux 4,2 millions de réfugiés. L'an dernier, l'ONU et ses agences avaient réclamé 8,4 milliards de dollars pour les Syriens. Elles n'en avaient reçu que 3,3 milliards.