Depuis quelques semaines, l'armée syrienne, appuyée par d'intenses bombardements russes, progresse reprenant des villes et villages occupés par la rébellion. Elle avance notamment dans la province syrienne d'Alep (nord) avec l'objectif de briser le siège de deux localités chiites et couper une route d'approvisionnement des rebelles. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), les Russes ont effectué 320 frappes depuis lundi dernier dans ce secteur. Hier, la Russie a annoncé qu'elle ne cesserait pas son intervention militaire en Syrie avant d'y avoir « réellement vaincu les groupes « terroristes ». « Les frappes aériennes russes ne s'arrêteront pas tant que nous n'aurons pas réellement vaincu les organisations Etat islamique et le Front Al-Nosra », a déclaré le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov en visite à Mascate. « Je ne vois pas pourquoi ces frappes devraient s'arrêter », a-t-il ajouté. » Espérer que des conditions formulées sous la forme d'ultimatums aident à régler les problèmes constitue une politique à courte vue et sans avenir », a poursuivi Lavrov qui semble ainsi écarter les demandes de l'opposition formulées à Genève. Le diplomate onusien devrait tenter de faire revenir les délégations des deux parties au Palais des nations de Genève. La veille, le processus de discussions indirectes avait sombré dans une totale confusion. « L'échec est toujours possible, particulièrement après cinq ans d'une guerre horrible », a reconnu M. de Mistura, mardi dernier sur la Radio télévision suisse. « Mais s'il y a un échec cette fois-ci, il n'y aura plus d'espoir », a-t-il ajouté, reconnaissant un peu plus tard sur la BBC que « le niveau de confiance entre les deux parties était proche de zéro ». À chacun ses priorités Les représentants du gouvernement syrien de Damas se plaignent de ne pas avoir d'interlocuteur « sérieux » en face et ont de nouveau réclamé de connaître la composition de la délégation adverse. L'ambassadeur syrien à l'ONU, Bachar al-Jaafari, a estimé que les discussions n'ont pas commencé. « Nous sommes encore dans la phase préparatoire. Nous attendons toujours de savoir avec qui nous allons négocier et sur quel ordre du jour », a-t-il affirmé. L'opposition paraît dans une position très délicate, écartelée entre sa volonté de ne pas apparaître comme celle qui ferait échouer un processus de paix, et son refus d'entrer dans une négociation alors que la guerre ne connaît aucun répit. Rassemblée dans le Haut-Comité des négociations (HCN), elle a déjà annulé son rendez-vous de mardi avec M. de Mistura au Palais des nations, accusant la communauté internationale d'être « complètement aveugle » face à la tragédie syrienne, en particulier devant l'ampleur des bombardements russes. « Des gens capricieux sont apparus qui commencent à avoir des exigences qui n'ont rien à voir avec les principes devant régir les pourparlers de paix », a répliqué hier le chef de la diplomatie russe. Lavrov a, par ailleurs, estimé qu'un cessez-le-feu en Syrie passait par un « arrêt de la contrebande à travers la frontière turco-syrienne qui « ravitaille les combattants » Depuis Rome, où il participait à une réunion de la coalition contre les djihadistes de Daech, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a exhorté l'opposition à négocier malgré les bombardements. Néanmoins, l'arrivée, hier à Genève, du coordinateur de l'opposition syrienne, Riad Hijab, pourrait débloquer la situation et conduire l'opposition à reprendre le chemin des discussions.