Les essais nucléaires effectués par la France dans la région de Reggane constituent un double crime, contre l'humanité et contre l'environnement. Tel est le constat d'experts et de moudjahidine. C'est ce qu'ils nous ont affirmé, hier, au musée de la Mémoire du parc de Ben Aknoun, lors d'une conférence de presse organisée à l'occasion de la commémoration de l'anniversaire des essais nucléaires Selon le chercheur Amar Mansouri, une étude américaine estime que sur un itinéraire de 700 km, à partir du point de l'explosion, les habitants sont considérés comme étant des « victimes » d'une explosion souterraine dont les effets radioactifs sont le double de ceux de Hiroshima. « Beaucoup de maladies se sont propagées causant des désagréments graves aux personnes d'autant que le Sahara algérien est toujours pollué car la France n'a pas assaini les lieux », dira-t-il. Le conférencier regrette que « la France ne veut toujours pas reconnaître ses crimes ni indemniser les victimes ». Celui-ci a fait état de 782 dossiers de victimes présentés à la France pour indemnisation. « La France met des obstacles en exigeant des victimes des documents prouvant leur présence sur les lieux de l'explosion », a-t-il expliqué. Il a rappelé que sur 921 dossiers, 2% des victimes du nucléaire en Indonésie ont été indemnisées. Selon lui, « une loi promulguée en 2008 rend incommunicables toute information et interdit aux chercheurs d'accéder à la base des données ». Pour Djamel-Eddine Miad, directeur du centre national de recherche sur le mouvement national et la révolution du 1er Novembre 1954, « il est impératif d'entretenir la mémoire de ce crime imprescriptible ». Selon lui, le ministère des Moudjahidine travaille sans relâche sur le dossier. Des rencontres scientifiques internationales ont été organisées pour lever le voile sur ce crime et exiger l'indemnisation des victimes. Mohamed Mahmoudi, coordinateur national des victimes des essais nucléaires français en Algérie, est formel. « Les radiations perdurent pendant 25.000 ans. En Algérie, les maladies engendrées par les effets du nucléaire sont les troubles visuels, le cancer de la peau et les troubles neurologiques ». Selon lui, des laboratoires clandestins dédiés à la fabrication de l'uranium existaient en Algérie. Les séquelles de cette tragédie s'étalent dans le temps. « Des déchets nucléaires délibérément enfouis par la France pour cacher ses crimes continuent de faire des dégâts », a-t-il estimé.