Le gouvernement de Damas a condamné « les attaques répétées de la Turquie » contre « l'intégrité territoriale de la Syrie », et il a appelé le Conseil de sécurité de l'ONU à « mettre un terme aux crimes du régime turc ». Mais le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a rétorqué que les bombardements contre les Kurdes de Syrie allaient se poursuivre. Pour la troisième journée consécutive, l'artillerie turque a bombardé, hier, depuis sa frontière, des positions du YPG en représailles, selon Ankara, à des tirs venus de Syrie. La Turquie « ne permettra pas au PYD de mener des actions agressives. Nos forces de sécurité ont répondu de manière adéquate et continueront à le faire », a-t-il déclaré lors d'une conversation téléphonique dimanche dernier avec la chancelière allemande, Angela Merkel. Ankara redoute que les Kurdes syriens, qui contrôlent déjà une grande partie du nord de la Syrie, n'étendent leur influence à la quasi-totalité de la zone frontalière. « Nous ne laisserons pas Azaz tomber. Le YPG ne sera pas autorisé à avancer vers l'ouest de l'Euphrate et à l'est d'Afrin », a dit Davutoglu aux journalistes dans l'avion qui l'emmenait en Ukraine. Il a sommé les combattants kurdes de Syrie de se retirer de l'aéroport de Minnigh, dont ils ont pris le contrôle la semaine dernière lors de leur avancée vers Azaz, situé à moins d'une dizaine de kilomètres de la frontière turque. « Ils doivent se retirer de cet aéroport. Sinon nous rendrons cet aérodrome inutilisable », a affirmé le chef du gouvernement turc. « Le YPG est actuellement et clairement un pion de la volonté expansionniste de la Russie en Syrie », a-t-il également estimé. Le ministre turc de la Défense, Ismet Yilmaz, a fermement démenti hier des accusations du régime de Damas selon lesquelles l'armée turque aurait envoyé des troupes sur le sol syrien et répété que son pays n'envisageait pas de le faire. Vers une confrontation ? Les forces kurdes de Syrie progressaient, hier, dans la province d'Alep, en dépit des bombardements de l'artillerie turque. Les combats font rage depuis dimanche dans un quartier ouest de Tall Rifaat entre les Forces démocratiques de Syrie (FDS) et les rebelles. Au moins 26 rebelles ont été tués dans ces combats. Tall Rifaat est l'un des trois derniers bastions rebelles dans le nord de la province d'Alep. Cette petite ville, qui a échappé au contrôle de l'armée en 2012, est tenue par des insurgés islamistes soutenus par la Turquie, notamment Ahrar al-Cham, Liwa al-Fateh et Jabha Chamiyé. Malgré ces tirs, la coalition menée par les Kurdes est parvenue à s'emparer hier de Kfarnaya, à deux kilomètres au sud de Tall Rifaat. Dans la bataille d'Alep, les Kurdes, qui ne se sont alignés ni avec le régime ni avec les rebelles, veulent surtout joindre leurs régions et réaliser leur but ultime d'autonomie. En prenant Kafrnaya, les forces kurdes et leurs alliés arabes « ne se trouvent plus qu'à 8 km du territoire de Daech dans la province d'Alep. Un soldat turc a été tué dimanche soir dans l'extrême sud de la Turquie lors d'un accrochage avec un groupe d'hommes qui tentait d'entrer illégalement sur le territoire turc depuis la Syrie. L'incident s'est produit dans la province de Hatay, dans le district de Yayladagi frontalier de la région syrienne de Lattaquié, mettra-t-il le feu aux poudres ?