« Une opportunité unique » se présente de nouveau, pour mettre fin à la dangereuse impasse porteuse de cycle de violence alimenté par la guerre de leadership absurde des milices rivales qui se disputent des parcelles de pouvoir dans un champ de ruines. L'ombre de Daech, maître de Derna et du Golfe de Syrte riche en gisements pétroliers, plane sur Tripoli et la Libye des divisions et des divergences stériles. Après des semaines de tergiversations et de manœuvres politiciennes, le conseil présidentiel dirigé par le Premier ministre, Fayez al-Sarraj, a annoncé, quelques minutes avant l'expiration du délai de rigueur de 10 jours, la formation du gouvernement d'union nationale de toutes les attentes, dont la composition a été soumise au Parlement de Tobrouk qui a déjà rejeté le premier gouvernement de 32 membres le 25 janvier. Le vote de confiance est ainsi attendu au plus tard aujourd'hui. Le pas est fait pour lever les équivoques présentes encore dans le refus de deux membres du conseil présidentiel, dénonçant l'absence de transparence. « Le gouvernement a été formé aujourd'hui et envoyé au Parlement », a déclaré au cours d'une conférence de presse le porte-parole du Conseil présidentiel, Fathi al-Mejebri. En quête de consensus, les autorités libyennes ont privilégié une large participation des forces politiques et des composantes de la société représentées dans un gouvernement ramené à 18 membres dont 5 ministres d'Etat et 3 femmes, pour satisfaire les exigences de Tobrouk. Le poste de ministre de la Défense, fortement contesté, a été en définitive attribué au colonel Mahdi al-Barghati qui constitue un choix consensuel. « Nous espérons que cela sera le début de la fin du conflit en Libye », a déclaré au cours d'une conférence de presse le porte-parole du Conseil présidentiel, Fathi al-Mejebri. Le destin de la « Libye unie et libre », faussement proclamée par les apôtres de l'intervention militaire destructrice, est fondamentalement en jeu. Il est de la responsabilité première des Libyens de sauver du désastre leur pays pliant sous la menace grandissante du Daech conquérant et d'une nouvelle opération ruineuse des puissances occidentales inquiètes de la déferlante des migrants et des risques de déstabilisation au cœur du Vieux continent. « Ce qui se passe à quelques centaines de kilomètres de l'Italie ne peut nous être égal en Allemagne et en Europe (...) et ça ne nous est certainement pas égal quand, à côté de l'Europe, les milices terroristes de Daech prennent pied », a martelé le ministre allemand, Frank-Walter Steinmeier, dans un communiqué. Lors de la réunion de Munich, évoquant l'avenir de la Libye, les chefs de la diplomatie américaine, française, allemande, italienne, égyptienne, européenne et l'émissaire de l'ONU pour la Libye, Martin Kobler, ont exhorté le président du Parlement de Tobrouk, reconnu par la communauté internationale, Aguila Saleh, à approuver le gouvernement d'union nationale. De la manière, la main tendue des pays voisins, soutenus par l'Union africaine et la ligue des Etats arabes, entend contribuer également à promouvoir et à renforcer la dernière chance d'un règlement négocié et pacifique de la crise libyenne. Seront-ils, avant qu'il ne soit trop tard, entendus par leurs frères Libyens ?