Deux mois après leur dernière rencontre, en novembre 2015, le président palestinien, Mahmoud Abbas, s'est entretenu, hier à Aqaba (Jordanie), avec le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, juste avant une rencontre avec le souverain jordanien, le roi Abdallah II, dans sa résidence balnéaire. Le sujet des discussions était les événements récents, notamment le projet de conférence internationale sur la Palestine évoqué le 29 janvier dernier par l'ex-ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui avait prévenu que son pays reconnaîtrait officiellement l'Etat palestinien en cas d'échec de cette initiative. Il a été nommé à la présidence du Conseil constitutionnel quelques jours plus tard, mais son successeur, Jean-Marc Ayrault, a apparemment adopté ce plan qui repose sur un processus en trois étapes : d'abord des consultations entre Israël et les Palestiniens, puis une réunion en avril à Paris d'un groupe international de soutien constitué de plusieurs dizaines de pays, puis enfin une relance du processus mais sans la présence des Israéliens ou des Palestiniens et un sommet international en juillet prochain à Paris. Toutefois, le projet français, soutenu par les Palestiniens, intervient dans une période particulièrement difficile : un nouveau cycle de violence alimenté par la crainte sur les Lieux Saints dans les territoires occupés et l'échec des pourparlers parrainés par John Kerry, en avril 2014, sans aucune perspective pour la relance de ce processus de paix, Palestiniens et Israéliens estimant impossible de négocier avec les dirigeants actuels des deux camps. Critiqué, par la partie adverse, pour ses positions concernant la hausse des attaques au couteau, à la voiture bélier et à l'arme à feu contre des Israéliens depuis quatre mois, Abbas accuse l'occupant de réagir de façon excessive au moment où il appelle à la modération. Kerry, lui, a rendu hommage pour son discours du 19 janvier, à l'occasion de la fête religieuse orthodoxe arménienne, dans laquelle le dirigeant palestinien a condamné le fait de « verser le sang de tout être humain, quel que soit son genre, sa race, ou sa religion ». Le secrétaire d'Etat américain « a exprimé son appréciation des commentaires du président Abbas à Bethléem, dans lesquels il a répété son engagement à la non violence ». Les deux hommes se sont ensuite entretenus par téléphone le 31 janvier, deux jours après l'annonce de l'initiative française.