Ils ne désespèrent pas de bénéficier d'un logement, eux qui vivent les problèmes d'infiltrations d'eau et des murs lézardés qui finissent, faute d'entretien, par s'écrouler. L'année passée, une personne de passage a trouvé la mort, ensevelie sous des pierres tombées d'une terrasse à la rue Rabah Riah (ex-rue Porte neuve). Quelques semaines plus tard, une autre personne a péri dans ces mêmes lieux. Les familles qui y habitent ont fermé la terrasse, mais des pans entiers de murs menacent de s'écrouler. L'APC a fini par fermer les accès. Les habitants, épuisés par les nombreuses promesses non tenues, sont désespérés. M'Hamed, 35 ans, est né au 28, rue Mustapha Djouad. Père de deux enfants, il ne mesure pas le danger que vit sa famille. « Notre danger n'est rien devant les autres douirate qui menacent ruine et qui sont occupées », note-t-il. En effet, dans une ruelle adjacente se trouve une maisonnette étayée complètement depuis longtemps avec des madriers en bois. Ces pièces de soutien montrent des signes de putréfaction. Une femme âgée a trouvé la mort, il y a deux ans, suite à des pluies diluviennes. Les murs ont lâché à cause des infiltrations d'eau. Lors du séisme du mois d'août 2015, d'autres douirate ont été siglées en rouge par une équipe du contrôle technique de construction ( CTC), dépêchée par la wilaya d'Alger. Les habitants ont cru qu'un logement neuf se profilait à l'horizon. Une tournée effectuée dans les venelles de La Casbah renseigne sur l'urgence d'un plan de réhabilitation. La plupart des maisonnettes sont étayées avec des madriers. Une solution provisoire ou permanente ? « Dieu seul le sait », répondent les habitants approchés, et beaucoup d'entre eux attendent d'être relogés. Un autre habitant nous montre une pile de demandes de logement adressées aux différents P/APC qui ont pris en main les destinées de la commune de La Casbah. Mais en vain. Certains reconnaissent que les vrais habitants ont plié bagage. D'autres, par contre, ont profité des premières vagues de relogement. Mais une fois les douirate vides, elles ont été squattées par d'autres espérant à leur tour d'être relogés. Le président de la Fondation Casbah, Belkacem Babaci, note que les effondrements surgissent avec l'arrivée du beau temps. « Les murs, gorgés d'eau, craquent sous l'effet de l'action du soleil et de la chaleur qui fait évaporer l'eau », explique-t-il. Concernant la réhabilitation, celle-ci a été confiée à l'Office de gestion et d'exploitation des biens culturels (OGEBC), relevant du ministère de la Culture. En fait, pour cet amoureux de La Casbah, c'est une chirurgie réparatrice qui fait appel à des techniques de restauration dans les règles de l'art. Le respect de l'architecture est de mise. « Actuellement pour éviter le pire, a-t-il poursuivi, il faut continuer les actions de diagnostic, procéder à l'étaiement, pour éviter l'effondrement et commencer la restauration par des entreprises qualifiées. » Avec cette nouvelle vision du ministère de la Culture, le président de la Fondation Casbah est plus qu'optimiste quant au sort réservé à la citadelle dans les années à venir. Pour lui, il y a incontestablement une amélioration qui se fait sur le terrain. Il a ajouté, en outre, que la stratégie du wali d'Alger, Abdelkader Zoukh, a porté ses fruits en direction des indus-occupants. « Ces derniers ont entravé la politique de relogement, compliquée par certains propriétaires de douirate », a-t-il indiqué. Il cite pour cela un cas concret à la rue des frères Mechri, où la propriétaire a organisé le retrait des madriers soutenant l'entrée principale, pour forcer le relogement de ses locataires. Résultat, les murs se sont effondrés et la rue obstruée. Rabéa F. Une population toujours en hausse 25.000 habitants en 1970 à 62.000 en 2016. Comment expliquer le nombre d'habitants toujours en hausse à La Casbah ? Le quartier a, pourtant, bénéficié, à plusieurs reprises, d'opérations de relogement. Selon Babaci, beaucoup de citoyens ont été relogés. Par cupidité, ils ont vendu leur appartement et sont revenus sur les lieux. Il cite un cas édifiant. Lors de la dernière opération de relogement après le séisme d'août 2015, un habitant a vendu son premier logement. Il a acheté un terrain et s'est inscrit sur la liste pour bénéficier d'un deuxième appartement. Le fichier national l'a débusqué. 120 baudets en 1962, 30 en 2016 Pour le ramassage des ordures dans les venelles de La Casbah, des baudets sont utilisées. Les rotations étaient fréquentes durant la journée. Actuellement, 30 bourricots assurent le ramassage en une seule tournée. « Des opérations de volontariat ont été organisées. Mais seul un programme tracé par l'APC pour constituer des équipes volontaires et formées peut venir à bout des détritus qui enlaidissent la citadelle », a souligné un membre de la Fondation Casbah. Un musée pour la marine Notre fond marin est plein d'épaves relatant l'épopée de nos marins. « Il est judicieux de créer un musée pour faire connaître aux générations futures l'histoire et la richesse de ces fonds », a estimé Rida Amrani, vice-président de la Fondation Casbah. Faux guides La Casbah est un lieu touristique par excellence. Avec le manque de guides, il suffit simplement d'orienter les touristes vers les membres de la Fondation pour obtenir des informations sur la citadelle. « Il y a des gens qui s'autoproclament guides. Pire, ils fournissent de fausses informations sur des faits historiques qui se sont déroulés dans La Casbah », a regretté Babaci.