Des milliers de migrants sont bloqués, hier, à la frontière avec la Macédoine opposant désormais un niet catégorique à leur entrée en territoire macédonien. En Pirée, le principal port d'Athènes, le transfèrement de quelque 3.000 migrants et réfugiés, arrivés hier, ne sont plus autorisés à rejoindre la dernière station grecque d'Idomeni en direction de l'Allemagne, la Grande-Bretagne et les pays scandinaves. « Nous faisons des préparatifs de telle sorte que si le problème n'est pas résolu, s'il y a une violation des décisions européennes par la Serbie et Skopje (la capitale de Macédoine), nous soyons capables de gérer le problème qui sera créé en Grèce, a déclaré le ministre chargé de la Politique d'immigration, Yannis Mouzalas, à la chaîne publique du Parlement. En termes clairs, le coup d'arrêt du flux migratoire est conforté par la limitation au strict minimum, soit 80 demandeurs d'asile par jour, imposée par l'Autriche qui a exigé à ceux-là et aux 3.200 migrants en transit de se présenter au poste frontalier de Spielfeld, à la frontière slovène, où un important dispositif a été mis en place. « Si l'Autriche ferme ses frontières, il y aura un effet domino » sur la route migratoire via les pays des Balkans, avait alors prédit une source gouvernementale grecque. La Hongrie a déjà érigé une clôture barbelée à ses frontières avec la Serbie, à la mi-septembre, et avec la Croatie, à la mi-octobre, pour tarir la vague migratoire durement réprimée. Pari réussi ? De quelque 10.000 réfugiés, enregistrés le 23 septembre 2015, seules 270 personnes ont pu franchir, en novembre, la clôture. Budapest mène impitoyablement la traque. Plus de 500 migrants ont été ainsi interpellés, de vendredi à dimanche. Au total, 1.325 migrants ont été aussi poursuivis devant la justice hongroise depuis septembre pour franchissement illégal. Mais, bien au-delà de l'endiguement de la déferlante migratoire, la question a pris une place importante dans le dernier sommet européen (18 et 19 février) caractérisé, selon la chancelière allemande Angela Merkel, par des « échanges très longs et très intenses ». Le débat houleux des 28 a accouché de sérieuses divergences sur les « solutions urgentes » dictées par l'unilatéralisme autrichien. Le plafonnement du nombre des demandeurs de Vienne a suscité de vives réactions. « Les choix individuels vont seulement modifier les routes migratoires et provoquer une pression plus grande encore sur la Grèce. Et si un pays commence à imposer des quotas, les autres vont vouloir le faire également », a mis en garde une source européenne. Le « mauvais signal » a été fermement dénoncé par le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière, qui a jugé « inacceptable » dimanche la décision autrichienne prise sur « le dos de l'Allemagne ». Rendez-vous a été donc donné pour jeudi prochain pour en parler « de façon claire » au Conseil des ministres de l'Intérieur de l'Union européenne, a annoncé le ministre de l'Intérieur allemand qui se refuse à supporter un poids supplémentaire. L'avertissement allemand vise en fait à renforcer la protection des frontières avec la Turquie ou, scénario catastrophe redouté par Athènes, le choix inéluctable du Grexit à l'échelle Schengen.