La rue égyptienne a renoué avec la contestation populaire. A l'appel des mouvements d'opposition, soutenus par El Baradeï, des manifestations ont été lancées au Caire, à Ismaïlia et au Sinaï, pour initier la «journée de révolte contre la torture, la pauvreté, la corruption et le chômage» qui coïncide avec «Journée de la police». Les forces de l'ordre, estimées entre 20.000 et 30.000 éléments, ont été déployées pour faire face à ce que le quotidien influent El Ahram a qualifié d' «inconscients». Le ministre de l'Intérieur, Habib al-Adli, a averti que «les forces de l'ordre sont capables de faire face à toute menace contre la sécurité de la population, et nous ne prendrons à la légère aucune atteinte aux biens ni aucune infraction à la loi». De son côté, Le Caire a multiplié ces derniers jours les déclarations assurant que l'Egypte ne présentait pas de risque de contagion à la tunisienne. Les autorités ont toutefois laissé entendre qu'elles prenaient des dispositions pour éviter toute hausse des prix ou pénurie des produits de base, afin de ne pas aggraver le climat social. Le mouvement de protestation qui revendique des réformes sociales et politiques intervient dans un contexte de crise aigue opposant les partisans du changement démocratique pacifique et le régime des Al Moubarak accusé de favoriser une transmission héréditaire du pouvoir. Mais, le débat sur les réformes démocratiques dans le monde arabe, suscitées par le projet de refondation du Grand Moyen-Orient des années Bush, s'invite de nouveau. De Tunis où il effectue une visite officielle, Jeffrey Feltman, le plus haut responsable de la diplomatie américaine pour le Proche-Orient, a évoqué «l'exemple tunisien» pour plaider la nécessité des mutations démocratiques. «Les défis qui se posent dans de grandes parties du monde, en particulier dans le monde arabe, sont les mêmes, et nous espérons que les gouvernements répondront aux aspirations politiques, sociales et économiques légitimes des peuples, particulièrement si elles s'expriment par des moyens légaux et pacifiques», a-t-il précisé.