Devant le retard accusé en la matière et les multiples atteintes dont il est régulièrement l'objet, l'urgence de dresser l'inventaire du patrimoine culturel (mobilier, immobilier et immatériel) s'impose, aujourd'hui. Sur quelque 1.000 sites matériels classés par le ministère de la Culture, seuls sept figurent sur la liste de l'Unesco. Un constat qui contraste avec les efforts fournis jusqu'ici par les pouvoirs publics visant une meilleure prise en charge de ce pan entier de notre identité culturelle. C'est dans cet esprit que s'inscrit une partie essentielle du programme d'appui à la protection et la valorisation du patrimoine culturel en Algérie, engagé depuis quelques mois, par le ministère de la Culture en partenariat avec l'Union européenne. Ainsi, les deux parties ont lancé, jeudi dernier, au cours d'une rencontre, au palais de la culture Moufdi-Zakaria, une action pilote à travers les douze wilayas concernées par le programme (Alger, Aïn Témouchent, Annaba, Batna, Bejaïa, Chlef, Khenchela, Mila, M'sila, Saïda, Skikda et Tlemcen) en vue d'établir un inventaire exhaustif des biens culturels recensés à leur niveau. Pour ce faire, douze jeunes archéologues, issus de ces départements, ont été recrutés en tant qu'« experts juniors » pour conduire cette vaste opération sur le terrain. Ils bénéficient actuellement d'une formation de huit semaines au terme de laquelle chacun intègre les wilayas auxquelles ils sera affecté. Ils auront, entre autres, pour tâche d'accompagner la prise en charge du patrimoine culturel au niveau local à travers une expérimentation de systèmes, outils et méthodes de l'inventaire des bien culturels, de constituer un noyau de service inventaire au sein des directions de la culture dans les wilayas concernées, de mener des opérations de sensibilisations sur la fragilité du patrimoine... « Ces opérations aideraient plus tard à établir un inventaire général à l'échelle nationale », a indiqué le directeur du programme, Zoheir Balalou, en faisant savoir que les travaux engagés auparavant seront prochainement présentés à la tutelle. Balalou a, par ailleurs, appelé à l'intégration de ces jeunes archéologues dans les organismes locaux pour apporter un plus à la gestion du patrimoine. De son côté, la représentante du ministère de la Culture, Mme Bourouis, a assuré que l'inventaire escompté aiderait à mieux protéger et mettre en valeur les richesses culturelles dont le pays regorge. Dans ce cadre, elle a appelé le directeur de la culture des wilayas concernées à appliquer le programme d'appui et mettre à la disposition de ces jeunes experts tous les moyens pour la réussite de leur mission. « On pourrait même aller vers la création d'un service local spécialisé qui aura pour charge la gestion de l'inventaire », suggère-t-elle en formant le vœu que ces nouvelles recrues mettent à profit, à leur tour, le personnel œuvrant sur le plan local. La représentante européenne du programme, Silvia Cravero, s'est dite, quant à elle, satisfaite des premiers résultats obtenus de la mise en œuvre de cette entreprise, à savoir le souci scientifique rigoureux avec lequel est conduit le travail, la formation des cadres de différentes institutions, entre autres l'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés (OGEBC), le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historique (CNRPAH)... ainsi que le renforcement des cadres des directions de la culture des wilayas. Des résultats palpables qui attendent toutefois la réalisation d'un inventaire général qui englobera l'ensemble des régions du pays, pas seulement les douze wilaya sélectionnées.