La quadripartite, regroupant le président du Conseil européen, Donald Tusk, le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, le président du Parlement européen, Martin Schulz, et le Premier Ministre turc, Ahmet Davutoglu, a donné le ton au sommet des 28 chefs d'Etat et de gouvernement européens. Le rêve de l'eldorado allemand et scandinave, porteur des valeurs de la solidarité et des droits de l'homme, bascule dans l'enfer de l'Europe de la « bunkérisation » qui consacre indubitablement la victoire du camp du durcissement. Désormais, la « route des Balkans » est fermée à la déferlante des migrants contenue dans la Grèce totalement débordée et la Turquie forcée à coopérer pour tenter d'endiguer le flux migratoire. Simple spéculation, comme l'a affirmé la porte-parole de la chancelière allemande, Angela Merkel ? Dans ce « sommet de la dernière chance », consacré à la migration, hier, le niet européen imprime un tour de vis pour réduire les arrivées massives de migrants (de 15 000 à 20 000 par semaine) sur les côtes grecques érigées en véritable camp humanitaire, en s'assurant le soutien de la Turquie voisine pour sauver du désastre l'espace Schengen. Il est ainsi demandé à Ankara de reprendre « tous les réfugiés non syriens » et de stopper le départ de migrants syriens depuis ses côtes qu'il s'agit, selon le Premier ministre néerlandais, de ramener au seuil zéro. La Turquie et l'UE sont « d'accord qu'il faut étape par étape retrouver le contrôle, cela vaut aussi bien pour les réfugies non syriens que pour les réfugiés syriens au final (...) c'est vraiment notre ambition commune de mettre fin au ‘‘business model'' des trafiquants d'êtres humains et des passages dangereux » en mer Egée, a martelé le dirigeant néerlandais. Si toutefois le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a évoqué le « pas important » effectué par son pays pour retenir les candidats au départ vers la Grèce, l'échec du « plan d'action » signé entre Ankara et Bruxelles, en novembre 2015, a tempéré l'élan d'optimisme tributaire fondamentalement des progrès des négociations sur la libéralisation des visas turcs. Dans cet exercice de haute voltige, Ankara a consenti un geste de « bonne volonté », en acceptant, après 3 semaines de discussions, la présence d'une mission de l'Otan dans ses eaux territoriales pour traquer les réseaux de passeurs. Mais, dans la quête unitaire menacée par le conflit Est-Ouest, le rétablissement du « code de frontières de Schengen » fait porter le lourd fardeau sur la Grèce qui n'en peut plus, réclame des mesures d'« urgence absolue » et accuse ses partenaires de favoriser une stratégie d'isolement de son pays. La Grèce sacrifiée pour satisfaire aux exigences du compromis entre l'Europe de l'Est et de l'Ouest ? Le front des pays les plus solidaires, comme l'Allemagne, l'Autriche et la Suède a finalement fermé les portes.