La délégation de l'opposition est déjà arrivée samedi à Genève, et celle du régime s'y est rendue hier. Les pourparlers se dérouleront dans des salles séparées. Après cette session qui s'achèvera le 24 mars prochain, il y aura « une pause d'une semaine à 10 jours », après laquelle les pourparlers reprendront, selon M. de Mistura. Cette nouvelle session de près de deux semaines au Palais des nations de l'ONU s'ouvre dans une atmosphère radicalement différente de la précédente avortée, fin janvier-début février. Une trêve, initiée par les Etats-Unis et la Russie, et entrée en vigueur le 27 février dernier, tient bon malgré quelques violations. L'émissaire spécial de l'ONU, Staffan de Mistura, a détaillé l'ordre du jour : un nouveau gouvernement incluant toutes les tendances, une nouvelle Constitution et l'organisation d'élections législatives et présidentielle sous l'égide de l'ONU d'ici 18 mois. Un gouvernement d'unité, pas un renversement de régime Mais les points d'achoppement existent toujours. L'opposition continue de réclamer le départ du président Assad, réélu pour un nouveau septennat en 2014. Cette exigence est fortement récusée par le ministre des Affaires étrangères syrien qualifiant cette revendication de « ligne rouge » à ne pas dépasser. Le Haut comité des négociations (HCN), rassemblant des groupes de l'opposition, plaide en effet pour la « constitution d'un corps transitoire doté de tous les pouvoirs exécutifs » et dans lequel, « M. Assad n'a pas sa place ». « Nous ne négocierons avec personne qui veut discuter de la présidence de Bachar Al Assad. S'ils (l'opposition) veulent continuer avec cette approche, ce serait mieux qu'ils ne viennent pas » à Genève, a prévenu le chef de la diplomatie Walid Mouallem. « Ni M. de Mistura ni personne d'autre n'a le droit de discuter de la présidentielle », a-t-il ajouté. L'Etat syrien a une tout autre interprétation que l'opposition sur l'autorité transitoire. Pour lui, il s'agit d'un simple remaniement ministériel avec un « gouvernement d'unité », c'est-à-dire élargi à des opposants mais toujours placé sous l'autorité de M. Assad en vertu de la Constitution actuelle. Ce nouveau gouvernement, selon Mouallem, désignera un comité pour « rédiger une nouvelle Constitution ou amender l'actuelle ». Le texte sera ensuite soumis à référendum. Seul point d'accord entre les deux protagonistes, le refus d'un système fédéral ayant les faveurs des Kurdes qui ne sont pas invités à Genève. Selon M. de Mistura, les Kurdes devront néanmoins pouvoir donner leur opinion sur la future gouvernance et la Constitution. Quoi qu'il en soit, les Etats-Unis et la Russie, qui ont pris le dossier en main, suivront ces négociations comme le lait sur le feu pour empêcher que leurs alliés syriens ne fassent dérailler le processus. Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, dont le pays soutient l'opposition, devait faire hier à Paris le point sur la Syrie avec ses homologues français, allemand, britannique et italien. Il devait aussi s'entretenir au téléphone avec le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. Seules les pressions venant de l'extérieur seront aptes à ne pas dévier le cours des négociations vers un nouvel échec que tout le monde appréhende.