La scolarisation des enfants en situation de handicap reste toujours problématique en Algérie notamment dans les régions enclavées où les personnes atteintes de handicap ne sont, parfois, même pas recensées par les parties concernées. L'on demeure toujours à l'étape de diagnostic et les quelques exemples de réussite relèvent du défi personnel ou familial, car beaucoup de choses restent à faire pour une prise en charge réelle et adéquate. Les personnes aux besoins spécifiques rencontrent des obstacles majeurs pour s'inscrire dans un centre spécialisé ou intégrer une école ordinaire, et quand cela est possible, ce sont les problèmes de prise en charge pédagogique et sociale qui se posent avec acuité. C'est ainsi que les participants à la journée d'étude ayant trait au handicap en Algérie organisée, hier, à Alger, conjointement par la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem) et l'Observatoire des droits de l'enfant (ODE) ont appelé à la conjugaison des efforts de toutes les parties concernées (ministères, associations, parents, société civile) pour la prise en charge de cette frange de la société qui demeure marginalisée en dépit du dispositif réglementaire (lois, conventions) et des efforts consentis par les pouvoirs publics. Car, comme la souligné Gahar Salima, la présidente de l'ODE, « le développement d'un Etat se mesure à la prise en charge des couches fragilisées de la société », précisant que des commissions spécialisées existent au niveau de l'ODE pour débattre de la situation de l'enfance. Pour le docteur Fatima Zinet de l'Université Alger 2 et membre de la Forem, l'inclusion scolaire des enfants en situation de handicap « est un droit et nécessite l'implication de tous ». Elle suggère de faire de ces personnes « des projets de vie et de créer une commission multisectorielle en mesure de prendre en charge concrètement et de manière adéquate les personnes aux besoins spécifiques ». Il faut « mettre un terme aux actions ponctuelles initiées à l'occasion du 14 mars et réfléchir à une stratégie de prise en charge effective. L'enfant doit avoir son autonomie, développer sa personnalité pour affronter la vie », propose, pour sa part, le professeur Haddadi Dalila de l'Université d'Alger tout en plaidant pour « la recherche scientifique qui peut aider les pouvoirs publics dans leurs décisions ». Les entraves de l'intégration scolaire sont multiples d'après Mme Chibane, directrice de la formation au centre de formation spécialisé de Khemisti, qui cite le manque d'enseignants spécialisés et de pédagogie spéciale, l'insuffisance de moyens didactiques, le manque d'enseignants pour les différentes matières. « Le même enseignant assure toutes les matières d'où l'abandon pour des raisons d'incapacité », déplore-t-elle. L'intégration scolaire nécessite des accompagnements spécialisés, d'après les professionnels. Pour Boudalia Griffou Malika, pédagogue, la réussite de l'inclusion scolaire passe par la construction d'un capital culturel et par le développement de l'esprit d'entreprise chez l'enfant. L'Etat doit agir dans ce sens. Or, l'enfant passe des heures à faire des exercices structuraux qui peuvent développer de nouveaux handicaps. L'école souffre d'un modèle d'organisation qui ne permet aucune autonomie, selon elle. Le problème n'est pas pédagogique, dit-elle, il faut plutôt ouvrir des écoles avec de grands espaces pour permettre aux enfants de se divertir et réduire le bâti. Car, « un enfant qui ne joue pas, qui n'explore pas ne peut ni mémoriser ni apprendre ».