Assassinats, viols, kidnappings… Les enfants ne sont pas vraiment protégés en Algérie. A l'occasion de la célébration de la Journée mondiale, qui coïncide avec le 20 novembre de chaque année, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) a brossé un tableau noir de la situation de cette catégorie fragilisée de la société. Les enfants souffrent de plusieurs maux. Les enfants souffrent, cette situation est la conséquence des problèmes que subit la famille algérienne. Cela a engendré la criminalité qui menace les enfants et se manifeste à travers plusieurs phénomènes dont le viol, la mendicité, la contrainte exercée pour abandonner l'école», a recensé la Ligue dans un communiqué rendu public hier, signé par son secrétaire national, Houari Kaddour. Le nombre d'enfants décédés en 2014 a sensiblement augmenté : de 168 000, il passe à 174 000 en 2014. Le phénomène du kidnapping est mis en avant par la Ligue qui a recensé 256 cas, dont 15 ont abouti à la mort de la victime. Les agressions sur les enfants ne se comptent plus : 5580 cas ont été recensés auxquels s'ajoutent en plus des 1800 agressions sexuelles enregistrées durant la seule année 2015. La LADDH a donné aussi d'autres chiffres ahurissants : 3 millions d'enfants pauvres, 500 000 déscolarisés, plus de 800 000 souffrant de malnutrition, 250 000 sans domicile, 300 000 exploités dans le marché noir, 25 000 mendiants et 45 000 sont sans identité connue. L'organisation a aussi constaté des carences dans la prise en charge des enfants scolarisés et le faible apport calorique dans les cantines scolaires. Houari Kaddour, qui apporte ce bilan, sans toutefois citer la source sur laquelle il s'est adossé (services de sécurité, ministères, associations, etc.), réclame la révision du texte sur la protection de l'enfance adopté en juillet 2015. Il exige une prise en charge des enfants handicapés, l'implication de la société civile, l'ouverture de canaux de négociation et l'intégration des enfants dans les programmes qui leur sont destinés. Un «plan alerte enlèvement» réclamé par la Forem La Forem qui a organisé, hier, une journée sur l'enfant en âge du préscolaire met en avant les progrès constatés, particulièrement avec l'adoption de la nouvelle loi sur la protection de l'enfant. Cette loi, est-il rappelé par Sabrina Gahar, présidente de l'Observatoire des droits des enfants (ODE), adopte un certain nombre de définitions qui ont valeur juridique (enfant, enfant en danger, etc.) ; elle crée le poste de délégué à l'enfant et met en place un organe national de protection et de promotion de l'enfant, en sus d'énoncer des éléments de protection juridique de l'enfant. Mme Gahar rappelle que cette loi est venue après l'«aménagement» intervenu dans le code pénal avec un durcissement des peines infligées aux criminels responsables d'enlèvement d'enfant ou l'utilisation des enfants dans la mendicité. En plus de réclamer l'adoption rapide des textes d'application de la nouvelle loi, la présidente de l'ODE regrette, en citant l'intervention du ministre de la Justice, la non-application des textes existants. «La dernière intervention du ministre de la Justice demandant aux procureurs de s'autosaisir en cas d'atteinte aux droits de l'enfant montre que même si les textes existent, ils ne sont pas toujours appliqués», déplore-t-elle. Mme Gahar réclame, en raison du caractère répétitif des kidnappings d'enfants, la mise en place d'un «plan alerte kidnapping», même s'il ne s'agit pas souvent d'enlèvements avérés. «Une intervention rapide pourrait sauver la vie de l'enfant», assure-t-elle.