Le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, déterminé à engager des négociations directes entre le Front Polisario et le Maroc pour régler le conflit au Sahara occidental, a dénoncé, lundi dernier, « les attaques irrespectueuses » du gouvernement du Maroc, accusant le chef de l'ONU de « partialité », et a exprimé sa profonde déception et sa colère au sujet de la manifestation qui a été mobilisée dimanche dernier, et qui l'a « visé en personne », a indiqué l'ONU dans un communiqué diffusé juste après une rencontre, à New York, entre M. Ban et le ministre des Affaires étrangères marocain, Salaheddine Mezouar. Le SG de l'ONU a également demandé au chef de la diplomatie marocaine des précisions concernant la présence des membres du gouvernement marocain parmi les manifestants. Il lui a exigé, dans ce cadre, de veiller à ce que l'Organisation des Nations unies jouisse du respect au Maroc. L'ONU est revenue, dans son communiqué, sur le dernier périple de Ban Ki-moon dans la région en indiquant qu'il visait à relancer les négociations entre les deux parties au conflit afin de parvenir à une solution politique juste et mutuellement acceptable qui permet l'autodétermination du peuple sahraoui. En agissant ainsi, le Maroc veut exercer des pressions sur Ban Ki-moon pour l'amener à revenir sur sa déclaration faite dans un camp de réfugiés sahraouis où il a utilisé le terme « occupation » pour relever l'incapacité des réfugiés sahraouis à retourner dans les territoires occupés dans des conditions leur permettant d'exprimer librement leurs revendications. Jeudi dernier, les Nations unies ont rappelé que le statut non autonome du Sahara occidental restait à déterminer par voie d'un référendum d'autodétermination. L'Organisation onusienne a aussi noté que tous les Etats membres des Nations unies, y compris le Maroc, ont accepté de déterminer le statut final de ces territoires en vertu des résolutions de l'Assemblée générale. Les Sahraouis voient en l'attitude du Maroc un signe d'affolement Le communiqué des Nations unies est une révolte légitime contre le comportement irresponsable de Rabat, a indiqué le représentant du Front Polisario auprès de l'ONU, Ahmed Boukhari. Dans une déclaration à l'APS, le diplomate sahraoui a ajouté que « depuis l'obstruction du référendum d'autodétermination en 2004, le Maroc a choisi avec ses agissements la délation qui l'a amené à dépasser toutes les limites et à refuser toute marque de respect à la communauté internationale et au SG de l'ONU ». Le ministre sahraoui délégué pour l'Europe, Mohamed Sidati, a pour affirmé, récemment, que l'attaque dirigée contre M. Ban Ki-moon était « un signe de l'affolement » des autorités marocaines, qui ont eu recours, une nouvelle fois, à la pression et au chantage. La représentante de la République arabe sahraouie démocratique en Espagne, Khira Bulahi, a expliqué que le Maroc, « vit actuellement un isolement international et ses positions sont en contradiction avec la légalité internationale ». De même pour l'Union des jeunes sahraouis à Madrid, qui estime que les déclarations de Rabat « sont le résultat de l'échec de la politique de colonisation » que mène le Maroc depuis 40 ans au Sahara occidental occupé. Le président de la Conférence européenne de coordination et de soutien au peuple sahraoui (EUCOCO), Pierre Galand, a, quant à lui, estimé que « c'est ce qui a fait le plus de mal au Maroc qui tente, jusqu'à présent, de faire croire à l'opinion publique que le Sahara occidental est un territoire contesté et qu'il y avait place pour une négociation dans un cadre qui est celui défini par lui-même »