Dans sa marche victorieuse à la Convention de juillet, l'ancienne première dame a accentué son avance sur son rival Bernie Sanders, battu à plate couture dans au moins 4 des 5 caucus, notamment l'Ohio où le sénateur du Vermont comptait énormément sur le vote ouvrier pour maintenir la cadence. Désormais, le cap de 2.383 délégués exigés pour l'investiture démocrate se rapproche. Avec le vote acquis des 500 « superdélégués », elle a engrangé plus de 1.500 (contre moins de 800 pour Sanders. « Nous estimons que ce sera très difficile, voire impossible, qu'il nous rattrape », a assuré à CNN Jennifer Palmieri, porte-parole d'Hillary Clinton. Vers le retrait du sénateur Sanders ? Probablement. En tout état de cause, c'est dans la peau d'une présidentiable qu'Hillary Clinton a sévèrement interpellé le favori républicain coupable de rhétorique raciste et islamophobe. « Quand un candidat à la présidentielle veut rafler 12 millions d'immigrés, interdire aux musulmans d'entrer aux Etats-Unis, quand il approuve la torture, il n'a rien de fort... Il a tort », a-t-elle tonné. « Nous devons abattre les barrières, pas ériger des murs », a estimé l'ancienne secrétaire d'Etat. Le rappel à l'ordre du président Obama, dénonçant le recours aux « insultes » et aux « railleries d'école », traduit la dérive haineuse qui a transformé la campagne des primaires en véritable arène. « Pas de divisions fondées sur la race et la foi, et certainement pas de violences contre d'autres Américains », a affirmé Obama. La carte de l'« Amerikkka », en référence à la secte du Ku Klux Klan dont certains membres sont accusés de le soutenir, est brandie. Au cœur de la tourmente, le milliardaire se livre à une campagne incendiaire invoquant même l'appartenance au « groupe de l'Etat islamique » pour disqualifier le « forcené » qui a tenté de perturber le meeting de Dayton. Des batailles rangées ont opposé les partisans et les adversaires de Trump à Kansas City et à Cleveland (Ohio). Dans un climat quasi-insurrectionnel, le favori républicain en puissance, visé par une enquête policière pour incitation à la violence, a tout raflé sur la majorité requise de 1.237 délégué, il a obtenu 640 (contre 405 pour Ted Cruz et 138 pour John Kasich sauvé du gong par la victoire indispensable dans son fief de l'Ohio. Avec le retrait consommé du sénateur de Floride Marco Rubio, cruellement battu à domicile, le dilemme républicain se réduit au défi des deux rescapés du « Super mardi » lancés au trousse de Trump. Mais tout indique finalement que la course à l'investiture opposera les deux candidats les plus repoussants », comme le souligne Dennis Goldford, politologue à l'Université Drake. Le candidat de l'establishment, l'ancien de la droite religieuse Tea Party, n'écarte pas cette éventualité. « Deux campagnes seulement ont une chance plausible de gagner l'investiture : la nôtre et celle de Donald Trump. » Le sénateur du Texas Ted Cruz est perçu comme le rempart idoine à la déferlante Trump où, à tout le moins, le seul candidat capable de l'empêcher de se présenter en vainqueur au soir de la Convention. En rangs désunis, la famille républicaine vit mal le choix cornélien parfaitement exprimé par le sénateur Lyndsey Graham. « Je préférerais Rubio contre Kasich. Rubio et Kasich contre Cruz. Mais si Cruz est la seule alternative à Trump... au moins Cruz, c'est un républicain conservateur », a-t-il souligné. Dans le cas d'une victoire du favori Trump, le défi du rassemblement des Républicains, pour la plupart viscéralement opposés à sa candidature, se pose avec acuité.