Mais la menace n'est pas pour autant totalement écartée, il reste « d'autres réseaux » qui imposent le devoir de diligence et la mobilisation de tous les instants traduite par la longue chaîne humaine des milliers de Belges rassemblés, vendredi soir, à la place de la Bourse de Bruxelles, en hommage aux 31 victimes et 300 blessés. « Je suis Bruxellois... Ik ben Brussel », a martelé, en français et en flamand, le secrétaire d'Etat John Kerry en soutien à la lutte antiterroriste en Europe. Accusée de « naïveté », la Belgique resserre l'étau pour tenter de combler les graves défaillances sécuritaires relevées dans les attentats de Paris et de Bruxelles. La piste d'Ibrahim El Bakraoui, évoquée par le président turc Recep Tayyip Erdogan, confirmant son arrestation et son expulsion en Belgique, a été relancée par les Etats-Unis. L'un des deux frères kamikazes figurait bel et bien, selon la chaîne CNN citant des responsables américains, sur une des listes antiterroristes, « avant les attentats de Paris ». Vendredi dernier, devant une commission parlementaire, trois ministres belges, Didier Reynders (Affaires étrangères), Koen Geens (Justice) et Jan Jambon (Intérieur), ont dû s'expliquer pendant plusieurs heures sur le cas d'Ibrahim El Bakraoui qui a profité d'une libération conditionnelle en 2014. La Belgique, le ventre mou de l'Europe, coupable de complaisance et d'une complicité criminelle avec le terrorisme légitimé en « groupe d'opposition » et érigée en alternative démocratique ? C'était le temps de la manipulation du bras armé du néocolonialisme où aucun ne se sentait Alger dans son combat pionnier qui a basculé, depuis le 11 septembre 2001, dans les « tous américains » devenus dès lors le cri de ralliement de l'Europe assiégée. Plus qu'une simple dénégation de l'« exemple algérien », la responsabilité historique de l'Europe prend toute sa signification dans le carnage qui a lourdement fauché la vie des milliers de citoyens français et belges principalement victimes de la vision discriminatoire et de l'incurie de leurs dirigeants. La globalisation de la terreur, particulièrement traduite par le caractère transfrontalier du terrorisme, se reconnaît de nouveau dans le lien étroit établi dans les attentats de Paris et de Bruxelles mené par le réseau de Molenbeek. Trois nouvelles interpellations (soit 9 depuis jeudi) et deux perquisitions ont été effectuées vendredi à Bruxelles. Elles présentent un lien avec l'arrestation, la veille près de Paris, d'un homme soupçonné de projeter un attentat « à un stade avancé ». L'arrestation du présumé coupable, condamné par contumace en 2015 pour « participation aux activités d'un groupe terroriste » lors d'un procès en Belgique d'une filière terroriste vers la Syrie, a conduit à la découverte d'un arsenal de guerre dans un appartement d'Argenteuil (banlieue nord de Paris), le « Molenbeek français ». Il avait pour co-prévenu, le sinistre Abdelhamid Abaaoud, soupçonné d'être le commandant opérationnel des attentats du 13 novembre et chargé de tous les maux par Salah Abdeslam incarcéré depuis une semaine. Il ne fait plus aucun doute que le commando du 13 novembre et du 22 mars constitue la base avancée de Daech en guerre contre l'Europe interpellé dans son devoir de vigilance. Une coordination franco-belge se met en place pour démanteler les réseaux. La traque des complices est lancée pour neutraliser les deux suspects en fuite. Au rythme des opérations policières, des interpellations et des perquisitions, la riposte belge prend plus d'épaisseur. Hier, les équipes de déminage ont réussi à faire exploser un sac à dos abandonné dans le quartier La Bascule, dans le centre de Bruxelles, bouclé pour l'occasion. L'aéroport de Bruxelles restera fermé jusqu'à demain. Le métro continue de fonctionner au ralenti. Ce sont les stigmates du terrorisme qui ont plongé dans l'horreur la capitale européenne où plus rien ne sera comme avant.