L'attentat a été revendiqué par les talibans pakistanais, qui ont déclaré avoir visé spécifiquement la communauté chrétienne. Mais selon l'inspecteur de police adjoint, Haider Ashraf, la majorité des victimes sont musulmanes. Le kamikaze « s'est fait exploser près de l'aire de jeux pour enfants, où ils faisaient de la balançoire », a précisé un haut responsable administratif de la ville, Mohammad Usman. Un deuil de trois jours a été décrété dans la province du Pendjab, dont Lahore est la capitale. Ecoles et administrations sont néanmoins restées ouvertes. Les attentats visant les enfants ont une résonance toute particulière au Pakistan. Le pays est toujours traumatisé par l'attaque perpétrée par un commando taliban dans une école de Peshawar, qui avait fait au moins 154 morts en décembre 2014. Des groupes islamistes armés ciblent, parfois, la minorité chrétienne au Pakistan représentant environ 2% de la population de ce pays de 200 millions d'habitants, majoritairement musulman sunnite. Vives condamnations La jeune lauréate pakistanaise du prix Nobel de la paix, Malala Yousafzaï, s'est dite « accablée par cette tuerie dénuée de sens ». Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a évoqué un « acte de terrorisme épouvantable ». Le président de l'Assemblée générale de l'ONU, Mogens Lykketoft, a condamné « un mépris total pour l'humanité » tandis que le Vatican a condamné « la violence fanatique contre les minorités chrétiennes ». L'Algérie a condamné « avec vigueur l'horrible attentat » réitérant « plus que jamais » son rejet du terrorisme et sa « disponibilité » à poursuivre sa coopération à l'échelle mondiale pour mettre fin à ce fléau. Les Etats-Unis ont également condamné un « effroyable acte terroriste » et la France a réaffirmé sa volonté de « continuer à combattre partout le terrorisme ». L'Argentine a condamné l'« attentat terroriste sanglant » réaffirmant « sa volonté d'œuvrer pour la lutte contre le terrorisme et pour garantir la paix et la sécurité internationales, dans le cadre du droit international et du respect des droits de l'homme ». Pour sa part, l'Indonésie a condamné « fermement » l'attentat à la bombe. Tout acte terroriste au nom de quoi que ce soit est injuste », a déclaré le président indonésien Joko Widodo dans un communiqué publié hier. Sit-in de manifestants islamistes à Islamabad Même si l'attentat de Lahore a choqué le pays, des milliers de partisans de Mumtaz Qadri, un islamiste pendu le mois dernier, ont passé la nuit dans l'avenue menant aux principales institutions politiques pakistanaises dans la capitale Islamabad. Ils occupaient toujours les lieux hier. La journée de dimanche dernier a, par ailleurs, été marquée par de violents heurts entre la police et des milliers d'islamistes à Islamabad et sa ville jumelle de Rawalpindi. Quelque 25.000 d'entre eux s'étaient réunis plus tôt dans la journée à Rawalpindi pour des prières avant d'avancer, armés de pierres, vers la capitale. L'armée a, ensuite, été déployée pour assurer la sécurité de la zone autour du Parlement. L'exécution le 29 février dernier de Mumtaz Qadri a mis en rage des factions islamistes qui l'avaient érigé au rang de héros pour avoir abattu en 2011 Salman Taseer, gouverneur du Pendjab et partisan déclaré d'une révision de la loi sur le blasphème.