L'armée pakistanaise a annoncé hier avoir déployé ses soldats dans les rues de la capitale Islamabad où la situation restait tendue ce matin, au lendemain d'un sit-in de partisans d'un islamiste, Mumtaz Qadri , condamné pour assassinat et pendu le mois dernier. Quelque 3 000 manifestants, issus d'un vaste rassemblement organisé hier à Rawalpindi, ville jumelle de la capitale Islamabad, ont passé la nuit sur l'avenue de la Constitution, qui longe le Parlement, la présidence et les bureaux du gouvernement pakistanais dans un face-à-face musclé avec la police et l'armée. La veille, environ 25 000 personnes s'étaient réunies à Rawalpindi pour des prières en mémoire de Qadri, puis certains avaient avancé, armés de pierres, vers la capitale. La police a tiré des gaz lacrymogènes pour les disperser. Mumtaz Qadri a été exécuté le mois dernier pour avoir assassiné en 2011 le gouverneur du Pendjab, Salman Taseer. Il avait revendiqué ce meurtre affirmant vouloir venger l'islam de Salman Taseer, un homme politique progressiste qui avait pris la défense d'Asia Bibi, une chrétienne condamnée à mort pour blasphème. La manifestation de Rawalpindi n'a pas été retransmise sur les chaînes d'information en continu, les médias étant l'objet d'une censure croissante par l'Etat qui ne souhaite pas voir ce type de protestation prendre de l'ampleur dans le reste du pays. Les manifestants réclament notamment l'exécution d'une chrétienne accusée de blasphème, Asia Bibi, et que Mumtaz Qadri soit élevé officiellement au rang de «martyr».