Elu président de la Centrafrique le 14 février dernier, l'ancien Premier ministre Faustin-Archange Touadéra a été intronisé, hier à Bangui. Plusieurs chefs d'Etat, ou leurs représentants de la région et des délégations des principaux partenaires de Bangui ont assisté à la cérémonie d'investiture. La mission du président s'avère des plus complexes étant donné les dossiers brûlants qui l'attendent. L'état des lieux du pays, l'un des plus pauvres au monde — de surcroît confronté à un problème sécuritaire, conséquence du renversement en mars 2013 de l'ex-président François Bozizé — ne prête guère à l'optimisme. Le nouveau président réussira-t-il à instaurer la paix et la réconciliation dans un pays déchiré par trois années de violence intercommunautaire faisant des milliers de morts et ayant forcé plus de 500.000 personnes à fuir ? Dès l'annonce de son élection, Touadéra avait mis l'accent sur les défis à relever notamment sur le poids de la charge qui l'attend, dans ce pays pauvre malgré son potentiel agricole et minier. De l'avis des observateurs, le président est actuellement dans une position d'équilibriste au plan sécuritaire. En plus, il doit se livrer à travailler sans répit pour redresser le pays sur tous les plans, économique et sécuritaire en premier lieu. Dans le cas échéant, préviennent-ils, le retour à la case départ sera fatal. Surtout dans un pays aussi fragilisé par de nombreux coups d'Etat et de mutineries et d'autres crises à répétition. D'autres responsables politiques et candidats à la présidentielle mesurent la charge qui pèse sur Touadéra. Ils estiment que la balance de la force doit être rétablie au profit de l'Etat. Les ONG de défense des droits de l'homme ont, pour leur part, jugé que le nouveau président centrafricain devrait fixer comme priorité du gouvernement, la sécurité et la justice pour les graves atteintes aux droits humains. Il y a une certitude, Faustin-Archange Touadéra, comme ses prédécesseurs, sera largement dépendant de la communauté internationale. Sur le plan sécuritaire , la France, partenaire de ce pays, ne compte pas abandonner son ancienne colonie. Venu assister à la cérémonie d'investiture du nouveau président , le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a annoncé hier que son pays mettra fin en 2016 à Sangaris, son opération militaire en Centrafrique, estimant sa mission de restauration de la sécurité accomplie après trois ans de sanglants affrontements intercommunautaires. Selon le même responsable, la réduction des effectifs sera parallèle au renforcement de la capacité réactive de la force de l'ONU (Minusca, 12.000 hommes). Dix mille Casques bleus et plusieurs centaines de soldats français sont actuellement déployés en Centrafrique.