Le président élu centrafricain, Faustin-Archange Touadéra Dernier chef du gouvernement de François Bozizé dont le renversement en 2013 par la rébellion de la Séléka a précipité le pays dans un cycle de tueries intercommunautaires, M.Touadéra hérite à 58 ans d'un très lourd passif. Déclaré élu président de la Centrafrique, Faustin-Archange Touadéra va être immédiatement confronté à l'urgence de redresser un pays en ruine et profondément divisé par trois années de violences intercommunautaires, jugeaient hier à Bangui responsables politiques et économiques. Pour le nouveau président, qui a obtenu 62,71% des suffrages contre 37,29% à son rival Anicet-Georges Dologuélé, selon les résultats officiels publiés samedi, «il reste maintenant le plus dur à faire, la reconstruction du pays dans l'unité, la paix, pour un développement durable», reconnaît un de ses soutiens au second tour, Enoch Dérant Lakoué, lui-aussi ancien Premier ministre. Dernier chef du gouvernement de l'ex-président François Bozizé dont le renversement en 2013 par la rébellion majoritairement musulmane de la Séléka a précipité le pays dans un cycle de tueries intercommunautaires, M.Touadéra hérite à 58 ans d'un très lourd passif, économique, sécuritaire et social. La Centrafrique, un des pays les plus pauvres de la planète malgré son potentiel agricole et minier, «est restée coupée un moment de ses recettes, du fait de sa mise en coupe réglée par les groupes armés qui se sont érigés en douaniers, cadres des impôts etc», constate M.Lakoué. Dans ce contexte, les marges de manoeuvre du nouvel élu apparaissent singulièrement limitées. «Il est dans une position d'équilibriste au plan sécuritaire et il doit se livrer à un travail titanesque pour une relance économique», commente Achille Nzotènè, économiste, en rappelant la listes des dossiers brûlants qui attendent M.Touadéra: rétablissement de la sécurité, désarmement des combattants des diverses rébellions, refondation de l'armée, redressement de l'administration. «S'il n'agit pas en bon joueur de Mikado, en tirant les baguettes sûres sans faire tomber les autres (...) le retour à la case départ sera fatal» dans un pays dont l'histoire est jalonnée de coups d'Etat, de rébellions, de mutineries depuis son accession à l'indépendance de la France en 1960, prévient M.Nzoténé. Et comme ses prédécesseurs, le nouveau président sera largement dépendant de la communauté internationale pour assurer les fins de mois de l'Etat et sa sécurité. 10.000 Casques bleus et environ 900 soldats français sont actuellement déployés en Centrafrique, sous perfusion financière des bailleurs. «Un plan d'urgence est hautement recommandable, sur la base d'une offensive de charme en direction des bailleurs de fonds. Le pays manque cruellement d'argent», recommande d'ailleurs M.Lakoué. Face à cette montagne de défis, le principal atout de Faustin-Archange Touadéra reste la volonté affichée dans les urnes par les Centrafricains de voir la paix revenir. Tout en dénonçant des «fraudes massives» au second tour, M. Dologuélé a d'ailleurs reconnu sa défaite dès samedi et promis de ne pas déposer de recours devant la Cour constitutionnelle qui doit valider les résultats provisoires. Et même les électeurs de M. Dologuélé se disent prêts à soutenir une politique de paix du nouveau chef de l'Etat. «Dieu a prévu ce qui est arrivé et on ne peut que se plier à sa bonne volonté. J'ai choisi Dologuélé, mais il n'est pas élu, ce n'est pas un motif de mécontentement, ni d'insurrection. Je vais soutenir mon nouveau président en veillant bien sûr à ce qu'il prenne le bon chemin», témoigne une commerçante de la capitale.