Le gouvernement d'union nationale libyen, qui est rentré mercredi dernier à Tripoli, a réussi à installer son pouvoir. Lors de sa première intervention, le chef de l'exécutif, Fayez al-Sarraj, s'est engagé à faire de la réconciliation et du règlement de la crise sécuritaire et économique sa priorité. Il a réussi, lors des entretiens qu'il avait eus, jeudi dernier, avec des personnalités politiques, des maires et des élus, à obtenir le soutien des municipalités de dix villes situées entre Tripoli et la frontière avec la Tunisie. Ces dix villes de l'Ouest dont les principales sont Sabratha, Zawiya et Zouwara, ont salué, pour leur part, l'arrivée du nouveau gouvernement et l'ont appelé à mettre fin immédiatement à tous les conflits armés dans l'ensemble de la Libye. Le gouvernement d'union nationale libyen a été formé après un accord politique signé fin 2015, sous l'égide de l'ONU, par des députés des deux Parlements rivaux, et ce, malgré l'opposition des chefs de ces institutions. Pour être officiellement investi, il devait obtenir la confiance du Parlement de l'Est, basé à Tobrouk. Après plusieurs échecs faute de quorum, l'entrée en fonction du gouvernement a finalement été proclamée le 12 mars sur la base d'un communiqué de soutien publié par une centaine de parlementaires de Tobrouk (sur 198). Son installation à Tripoli a été saluée et considérée comme une « étape importante dans la transition démocratique », par l'émissaire de l'ONU en Libye, Martin Kobler. « Je félicite le courage, la détermination et le leadership du Conseil de la présidence qui, sous l'égide de son président Fayez Al Sarraj, a procédé à la mise en œuvre de l'Accord politique libyen, à laquelle aspire l'écrasante majorité du peuple libyen », a dit M. Kobler dans un communiqué de presse. L'émissaire onusien a demandé au peuple libyen de soutenir et coopérer pleinement avec la présidence du Conseil et le Gouvernement d'entente nationale. Il a, d'autre part, souligné que tous les acteurs sécuritaires ont la responsabilité d'assurer la sécurité de la présidence du Conseil et du gouvernement d'entente nationale. « Par conséquent, a-t-il ajouté, ils doivent se garder de toute action susceptible de porter atteinte à cette phase cruciale de la transition de la Libye ». L'installation de M. Serraj et de son équipe a été, également, saluée par l'Algérie, la Tunisie, l'Italie, les Etats-Unis et des pays occidentaux. L'Union européenne (UE) a imposé, jeudi dernier, des sanctions contre trois poids lourds des deux autorités rivales qui se disputent le pouvoir et s'opposaient depuis des semaines à l'installation, en Libye, du gouvernement d'union formé sous l'égide de l'ONU. Ces mesures d'interdiction d'entrée dans l'UE et de gel des avoirs visent les présidents des Parlements de Tobrouk (est), Aguila Saleh, et de la capitale, Nouri Abou Sahmein, ainsi que le Chef du gouvernement de Tripoli, Khalifa al-Ghweil. La coalition de milices Fajr Libya, qui contrôle Tripoli, a dénoncé l'arrivée de M. Al Sarraj et de ses collaborateurs. « Leur entrée (...) va aggraver la situation, faire couler le sang (des Libyens) et plonger le pays dans des difficultés encore plus graves », a réagi Mahmoud Abdelaziz, membre du Congrès général national (CGN), Parlement dont le mandat a expiré le 1er août 2014 mais réinstallé, quelques jours plus tard, par la coalition de milices.