Le gouvernement Al Serraj II attendra Le communiqué de Tripoli admet cette installation du gouvernement d'union nationale à Tripoli même, mais il émet la condition sine qua non d'un accord préalable entre les principales factions libyennes, «sans ingérence étrangère». Comme nous l'avions pressenti, au lendemain de l'annonce unilatérale par le Conseil présidentiel que dirige l'homme d'affaires Fayez al Serraj de l'installation «officielle» du nouveau gouvernement d'union nationale, un communiqué des autorités libyennes non reconnues par la communauté internationale est tombé hier qui exprime le rejet catégorique de cette instance. Comme celles-ci dépendent des milices de Fadjr Libya et qu'elles règnent sans partage sur Tripoli et sa région, il va de soi que le gouvernement d'union parrainé par l'ONU ne pourra pas rejoindre la capitale libyenne, les Parlement et gouvernement non reconnus ayant signifié leur refus sine die.«Un gouvernement imposé depuis l'étranger ne bénéficiant pas du consensus des Libyens (...) n'a pas sa place parmi nous», a indiqué dans un communiqué le gouvernement de Tripoli. Il est ainsi le premier des deux gouvernements rivaux à réagir publiquement à la proclamation, samedi dernier, d'un Exécutif attendu en vain par la communauté internationale, malgré de nombreux appels et une pression constante. Auparavant, les autorités reconnues de Tobrouk avaient tenté de soumettre le cabinet réduit à 18 porte-feuilles ministériels à l'examen du Parlement mais, faute de quorum, la chose avait dû être ajournée, sans autre précision. Depuis, Tobrouk a adopté un profil bas, gardant un silence qui n'en était pas moins éloquent quant aux multiples réticences de certaines parties. Le Conseil présidentiel, organe composé de membres de factions rivales libyennes, avait été constitué au Maroc sur la base d'un accord interlibyen aussitôt contesté, malgré des mois de négociations sous l'égide de l'ONU. Présidé par Fayez al Serraj, un homme d'affaires libyen installé au Maroc, il avait bénéficié de l'onction onusienne, mais ne pouvait entrer en exercice sans l'approbation, par un vote de confiance, du Parlement de Tobrouk, reconnu par la communauté internationale. Aussi, les forces présentes au sein de ce Parlement ont-elles simplement jugé préférable de jouer la carte de l'absentéisme, rendant le vote impossible. Se référant aux manoeuvres dilatoires par lesquelles une centaine de membres du Parlement de Tobrouk avaient, disaient-ils, été «empêchés par la force» de voter, le Conseil présidentiel a précipité les choses, en annonçant, samedi dernier, la proclamation du nouveau gouvernement d'union nationale, arguant du fait que la centaine de représentants constitue une majorité au sein du Parlement de Tobrouk et que, par conséquent, il aurait le soutien de celui-ci. Dès le lendemain, plusieurs pays donles Etats-Unis, la France, l'Italie, la Grande-Bretagne et l'Allemagne ont exhorté le gouvernement d'union Al Serraj II à s'installer aussitôt à Tripoli pour faire en sorte que «les institutions publiques libyennes procèdent à un transfert ordonné et pacifique du pouvoir». Le communiqué de Tripoli admet cette installation du gouvernement d'union nationale à Tripoli même, mais il émet la condition sine qua non d'un accord préalable entre les principales factions libyennes, «sans ingérence étrangère», et à condition, surtout, que «ses membres soient choisis en Libye». Autant dire que c'est, tout simplement, le retour à la case départ.