Brazzaville a été, deux jours durant, le théâtre de violences, contraignant les Brazzavillois à fuir le sud de la ville. Des coups de feu à l'arme lourde et automatique ont été entendus depuis les premières heures de la matinée de lundi à Brazzaville. Mais cette contestation n'a nullement influé sur la poursuite, par la Cour constitutionnelle, du processus de validation de la victoire du président sortant à la présidentielle le 20 mars dernier. Voulant à tout prix convaincre l'opinion publique nationale et internationale que l'élection présidentielle a été libre et transparente, la Cour constitutionnelle a déclaré, à l'occasion de la proclamation des résultats officiels définitifs, que le président sortant, M. Sassou Nguesso, qui cumule plus de 32 ans de pouvoir, a été élu dès le premier tour. Il a réuni sur son nom 60,19% des suffrages exprimés, soit un peu moins que ce qu'avait annoncé le gouvernement le 24 mars (60,39%). Le contexte demeure préoccupant, mais les autorités congolaises déclarent que la situation est maîtrisée sur tous les plans, sans toutefois fournir le bilan en pertes de vies humaines. Le pouvoir et l'opposition se renvoient la balle. Le pouvoir congolais accuse d'anciens miliciens de s'être infiltrés à Brazzaville et d'y avoir attaqué une position militaire ainsi que quatre commissariats. L'opposition, pour sa part, dénonce une manipulation du pouvoir, destinée à reprendre le pouvoir en pleine contestation de l'élection. Le gouvernement a annoncé avoir lancé des « investigations » sur les combats de la veille. Selon le porte-parole du gouvernement, les fauteurs de troubles seraient des ex-miliciens Ninja Nsiloulou, des combattants d'une ancienne faction de la guerre civile des années 90 opposés au camp de Sassou Nguesso et aujourd'hui dirigés par Frédéric Bintsamou, alias Pasteur Ntumi. « Outre les commissariats, ces miliciens ont aussi incendié la mairie de Makélékélé, un des quartiers du sud de la ville acquis à l'opposition, dans le cadre de ce qui s'apparente à une véritable action terroriste », a-t-il souligné. Le pouvoir accuse aussi ces assaillants d'avoir commis des « voies de faits et diverses exactions sur les populations civiles, lesquelles se voient contraintes de quitter leurs lieux d'habitation. » Au Congo, pouvoir et opposition sont sur le qui- vive. Un renfort des forces de l'ordre a été déployé dans la ville. Le calme précaire, qui y règne, fait toutefois craindre une nouvelle vague de violence.