Le dernier Conseil des ministres revêt incontestablement une grande importance pour l'avenir du pays. D'abord, il est tenu dans une conjoncture exceptionnelle et, par conséquent, il fallait une réaction à la hauteur de l'attente des citoyens. Tout indique que le message de la «rue» a été bien perçu et surtout décrypté en tant que tel. Car, sur toutes les questions qui ont interpellé les pouvoirs publics, les réponses des hautes autorités politiques attestent que ce message ne s'est pas dilué dans les méandres de la bureaucratie ou dévié de son objectif. Les citoyens algériens ne sont pas dupes et savent quand l'occasion se présente séparer le bon grain de l'ivraie. Ils veulent vivre dignement dans leur pays, jouir des bienfaits de l'Etat de droit, de la démocratie et de toutes les libertés. C'est aussi simple que cela. Leur Etat est en mesure de leur offrir ce cadre de vie et l'espace politique pour qu'ils puissent s'épanouir. Les mesures décisives par le Conseil des ministres convergent pour atteindre cet objectif sacré à condition de s'écarter des sentiers battus. Le laxisme, la bureaucratie, la corruption et l'irresponsabilité doivent être fermement combattus pour en assurer le succès sur le terrain. L'Etat a beaucoup fait pour préserver le pouvoir d'achat des citoyens, mais cela ne suffit pas si les spéculations ne sont pas neutralisées pour mettre fin à leurs méfaits qui peuvent engendrer des troubles à l'ordre public. Pratiquement, tous les produits de première nécessité importés, l'agriculture, l'eau, le gaz, l'électricité… sont subventionnés par l'Etat. Par conséquent, il n'est pas normal que ces produits soient l'objet d'une spéculation inacceptable. Ce fléau interpelle l'Etat qui doit le combattre avec une extrême rigueur en employant tous les moyens dont il dispose. Le plafonnement des marges bénéficiaires, par exemple, est un outil qui exige des moyens de contrôle importants, constants et rigoureux. C'est une exigence d'efficacité économique car l'Etat a tout récemment revalorisé les salaires et il faut préserver ces acquis. L'Algérie doit se prémunir contre la spirale prix/salaires qui nourrit l'inflation tout en laminant le pouvoir d'achat. Il faut également souligner que le problème du pouvoir d'achat se pose même aux pays développés où il est la source de toutes les tensions sociales. L'on comprend dès lors toute l'importance de la mesure prise par le Conseil des ministres afin de le défendre. L'emploi des jeunes ainsi que l'habitat sont des préoccupations récurrentes. Des mécanismes et des politiques existent en la matière. En ce qui concerne l'emploi, il faut observer qu'il est prévu de créer 3 millions de postes à l'horizon 2014 et que des mécanismes existent en faveur de l'emploi des jeunes. Aujourd'hui, il est devenu impératif d'affirmer toutes ces approches pour être plus efficaces. Là aussi, il faut rationaliser, cibler les objectifs et surtout débureaucratiser. Il est impératif d'être à l'écoute des jeunes, de comprendre leurs motivations afin de mieux prendre en charge leurs problèmes. De même, en ce qui concerne le logement, il est facile d'observer que c'est une prouesse pour un pays en voie de développement de construire plus de 3 millions d'unités entre 2001 et 2017. La résorption de l'habitat précaire est aussi prise en charge même si les moyens utilisés demeurent en deçà des objectifs et surtout discutables quant aux critères, notamment en matière de relogement. D'ailleurs, il faut absolument lier la résorption de l'habitat précaire et le relogement avec la mise en œuvre de la politique d'aménagement du territoire et notamment avec la stratégie de développement du pays en général et de la mise en valeur des Hauts plateaux, en particulier. En réalité, l'Algérie construit des logements, permet à des citoyens d'accéder à la propriété mais le problème réside dans la politique d'attribution qui présente des carences, voire des failles, qui doivent être éliminées pour éviter des frustrations. C'est, d'ailleurs, ce que demandent les citoyens. Là aussi, il faut plus de rigueur car l'on doit savoir que l'Algérie ne dispose pas toujours et indéfiniment de moyens conséquents pour satisfaire une demande croissante. Il faut reconnaître que la mesure de dépénaliser l'acte de gestion était attendue avidement par tous les gestionnaires. Elle tombe à point nommé puisqu'elle va libérer de formidables énergies. En effet, au moment où le pays veut réhabiliter son tissu productif, cette mesure va encourager les gestionnaires à relever ce formidable pari. En outre, c'est une exigence de l'économie de marché. Jusqu'à présent, on a confondu détournements, abus de biens sociaux, non-respect de la réglementation avec les risques inhérents à toute gestion. Un banquier qui ne prend pas de risques, bien sûr calculés n'est pas un banquer mais un « frileux » fonctionnaire. C'est cet amalgame malheureux qui a causé du tort aux gestionnaires. Un gestionnaire mérite le respect, la considération et la protection. C'est la raison pour laquelle il doit être choisi, d'abord et avant tout, en fonction de ses capacités et de ses compétences avérées. Les mesures prises par le Conseil des ministres sont importantes, surtout dans la conjoncture actuelle. Leur mise en œuvre nécessite célérité, engagement et rigueur. Toute défaillance devrait être sévèrement sanctionnée. Le laxisme doit être banni.