Le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, qui n'est plus venu à Baghdad depuis 2014, en est absolument convaincu que les jours de Daech sont comptés. Lors d'une conférence de presse organisée à l'ambassade des Etats-Unis, après des entretiens avec le Premier ministre Haider al-Abadi, son homologue Ibrahim al-Jaafari et le président de la région autonome kurde Nechirvan Barzani, le chef de la diplomatie américaine a affirmé que Daech « est clairement en train de perdre du terrain, de perdre des chefs, de perdre des combattants, de perdre de l'argent et, donc, ses membres sont aussi en train de perdre espoir ». Face à la déroute du groupe terroriste décapité, la traque est lancée pour « cibler et éliminer les dirigeants ». Le chef du Pentagone, Ashton Carter, a déclaré, la semaine dernière, que la coalition était en train « d'éliminer systématiquement » les chefs de Daech. Ces dernières semaines, plusieurs hauts de ses responsables en Irak et en Syrie ont été ciblés. Abdel Rahmane al-Qadouli, l'un des successeurs du calife auto-proclamé, Abou Bakr El- Baghdadi, est déjà tombé. Encore plus, la libération de Mossoul reste un objectif stratégique à portée des forces irakiennes appelées à mener le combat au sol. « Sans le moindre doute, Mossoul est en haut de la liste des priorités », a martelé Kerry. Mais, il est clair que l'engagement américain, marqué par la stratégie de désengagement, repose essentiellement sur les frappes de la coalition internationale en soutien à l'offensive irakienne qui a réussi à reconquérir, en mars 2015, Tikrit, et, en décembre, la province de Ramadi. Le chemin de Mossoul est tributaire d'un front uni particulièrement menacé par la crise de confiance qui a ébranlé le gouvernement de Abadi assuré du « soutien » de Washington et appelé à « régler des défis sécuritaires, économiques et politiques extrêmement complexes ». Avant de se diriger, vendredi dernier au soir, à Bahreïn, Kerry a réclamé à « tout le monde de placer les intérêts de l'Irak avant les intérêts personnels ou confessionnels », allusion au mouvement de contestation mené par l'influent chef chiite, Moktada Sadr campant pendant deux semaines au centre de Baghdad pour exiger l'avènement d'un gouvernement de technocrates. C'est effectivement par delà les clivages communautaires et confessionnels hérités de la décomposition de l'Irak, dans l'union sacrée des Irakiens, que la victoire de Mossoul reste possible. L'offensive a été lancée le 24 mars. Dans le cadre de l'« opération Fatah », plusieurs villages ont été récupérés. La reprise de la ville de Hit a permis la libération de plusieurs prisonniers détenus dans une grande « prison souterraine ». Elle représente, avec Falloujah qui crie famine, l'autre importante agglomération d'El Anbar encore aux mains de Daech. Actuellement cantonnées autour de la base de Makhmur, à 70 km de Mossoul, les forces irakiennes se préparent à l'assaut final pour reprendre Ninive et Mossoul. Le pari n'est pas gagné d'avance. Pour le général Sean MacFarland, commandant de la coalition internationale, la reprise de Mossoul, qui nécessiterait quelque 35. 000 soldats, n'était pas envisagée avant la fin 2016, voire début 2017.