Tripoli a rendez-vous avec son destin. Le vote de confiance du Parlement de Tobrouk, attendu hier, participe à la consolidation du gouvernement d'union nationale à un consensus massif exprimé par les Libyens, la puissante milice de Misrata et les principales institutions financières et pétrolières, mais aussi par la communauté internationale retrouvant après une longue éclipse, le chemin de Tripoli. A rythmes soutenus, les diplomates européens et les chefs de la diplomatie française, allemande et britannique font front commun pour favoriser le retour à la stabilité jugée indispensable dans la lutte contre Daech et l'émigration illégale. Dans un geste significatif, l'un des vice-Premier ministre, Ahmed Miitig, a annoncé la reprise en main des ministères des Sports, des Affaires sociales et des Travaux. Il s'agit d'un pas important que conforte, après 2 ans d'absence, le retour de l'émissaire de l'ONU pour la Libye, Martin Kobler, qui a décidé, la veille, de prendre ses quartiers dans la base navale érigée en siège par le Premier ministre Fayez al-Sarraj et son gouvernement. L'envoyé onusien s'est rendu hier à Tobrouk où il a rencontré les membres de la Chambre des représentants et « encourager tout le monde à suivre cette voie et à approuver le gouvernement d'union nationale ». Face aux défis sécuritaires, imposés par Daech, il a plaidé pour l'émergence d'un « consensus clair pour aller de l'avant ». Les retombées de la situation chaotique sont également redoutées par l'Union européenne qui a convoqué, hier à Luxembourg, les ministres des Affaires étrangères qui, à l'occasion d'un dîner informel avec les ministres de la Défense, entendent travailler à des « projets concrets » en soutien au gouvernement d'union nationale, a indiqué la Haute Représentante Federica Mogherini. Un paquet d'aide de 100 millions d'euros, affectés notamment aux secteurs économiques, humanitaires et de développement, est prévu par la commission européenne. L'UE envisage, par ailleurs, de mettre sur pied une mission de formation pour contribuer à la lutte antiterroriste. « Je pense que la Libye a besoin d'une aide d'urgence pour organiser ses forces de sécurité, de police, réorganiser son armée, ses gardes-frontières, ses gardes côtiers », a souligné le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Marc Ayrault. Entre l'enclume de Daech et le marteau de l'immigration clandestine qui font peser de lourdes incertitudes sur la sécurité et la stabilité européenne, les partisans du durcissement prônent la réactivation de l'opération navale, baptisée Sophia et mise sur pied à l'été 2015, pour démanteler les réseaux des passeurs sévissant au large des côtes libyennes. Le feu vert de Tripoli est de ce fait espéré pour contenir la déferlante des réfugiés qui a pris des proportions alarmantes, Depuis le début de l'année, près de 25.000 personnes ont débarqué en Italie. Soit un contingent de 7.000 personnes de plus que l'année écoulée. Dès lors, à la faveur de la fermeture de la route des Balkans, l'aventure italienne est relancée.