Pressé par l'ONU, qui lui demande de "passer de la salle de conférence au travail pratique", le gouvernement d'union nationale ne dispose pas, pour le moment, d'assez de moyens pour assumer pleinement sa mission. Il n'y a pas d'intervention étrangère en Libye, mais l'idée d'envoi de troupes pour sécuriser le gouvernement d'union nationale de Fayez al-Sarraj semble faire consensus au sein des chancelleries occidentales. C'est ce qu'a affirmé la France hier, via son chef de la diplomatie Jean-Marc Ayrault, emboîtant ainsi le pas à l'Italie, un des acteurs clé de la médiation internationale pour la résolution du conflit libyen, sous l'égide de l'organisation des Nations unies. "Il ne faut pas refaire les erreurs du passé. Si vous imaginez des frappes aériennes, si vous imaginez des troupes au sol, ce n'est pas d'actualité, en tout cas ce n'est pas la position de la France", a déclaré le ministre des Affaires étrangères sur la radio France Info. "Par contre, pour sécuriser le gouvernement de M. Sarraj (ndlr: Fayez al-Sarraj), s'il demande une aide internationale, alors nous l'examinerons. Mais c'est sa décision, il faut respecter l'indépendance de ce pays", a-t-il ajouté. Mais la France n'ira pas seule à Tripoli, où toute présence d'une force étrangère est aujourd'hui perçue par une partie des Libyens comme une agression à laquelle il faudrait répondre. Si demande il y a de la part du gouvernement d'union, Paris enverra ses troupes dans le cadre d'une coalition internationale à laquelle participeraient essentiellement l'Italie et la Grande-Bretagne, avec un soutien américain. Et cette coalition se limitera à sécuriser la zone où sera installé le gouvernement al-Sarraj, qui occupe actuellement une base navale, en attendant d'entamer véritablement son travail. Pour rappel, cette option avait été envisagée, il y a quelques mois, dans la mesure où les Libyens n'arriveraient pas à un accord politique, dans le cadre du dialogue inclusif inter-libyen, parrainé par l'ONU. " Faute d'un accord politique entre Libyens, la France poursuivrait son travail pour mettre sur pied une coalition militaire avec l'Italie et le Royaume-Uni", ainsi qu'avec un "soutien américain", avait affirmé en décembre dernier le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, lors de sa dernière audition au Sénat par la commission des Affaires étrangères et des Forces armées. Bien qu'arrivés à un accord de paix le 17 décembre 2015 à Skhirat (Maroc), les acteurs politiques libyens divergent sur le Conseil présidentiel et son gouvernement d'union qui n'a toujours pas obtenu le vote de confiance du Parlement reconnu de Tobrouk. Face à la menace terroriste du groupe autoproclamé Etat islamique (Daech), dont le nombre d'éléments seraient passés de 4000 à 6000, selon les Etats-Unis, seule la mise en place d'un périmètre de sécurité autour du gouvernement d'union est possible, puisque les voisins de la Libye et l'envoyé spécial de l'ONU, Martin Kobler, tiennent à recourir de nouveau à la force pour réconcilier les Libyens et à sortir leur pays de cinq années de guerre fratricide. Lyès Menacer