Le 20 Avril, date commémorative du printemps berbère, est, de par sa symbolique, devenu un repère calendaire national de l'histoire de l'Algérie post-indépendance, une halte charnière de son présent et une pierre angulaire pour bâtir et consolider son avenir. Intimement lié à la revendication populaire pour la reconnaissance de tamazight comme langue nationale et officielle dans la Constitution, le 20 Avril revêt une dimension nationale. Le statut actuel de tamazight en tant que langue et composante identitaire de la personnalité algérienne consacré par la Constitution, à côté de l'arabe et de l'islam, ne peut souffrir aucun amalgame. Par implication, tamazight comme langue et référent identitaire appartient à son peuple et forge de ce fait le particularisme algérien assumé et viscéralement lié à son héritage pluriséculaire que cristallise le triptyque constituant son identité. Cet aboutissement historique est une ligne rouge et une évidence claire que met en exergue la Constitution depuis 2002. Dans le chapitre des préambules, il y a un passage qui définit on ne peut plus clair cette évidence. En effet, et dans un paragraphe, il est énoncé que « son histoire, plusieurs fois millénaire, est une longue chaîne de luttes qui ont fait de l'Algérie de toujours une terre de liberté et de dignité. Placée au cœur des grands moments qu'a connus la Méditerranée au cours de son histoire, l'Algérie a su trouver dans ses fils, depuis le royaume numide et l'épopée de l'islam jusqu'aux guerres coloniales, les hérauts de la liberté, de l'unité et du progrès en même temps que les bâtisseurs d'Etats démocratiques et prospères dans les périodes de grandeur et de paix ». Ce passage des préambules proclamés par la loi fondamentale réitère, d'une manière imprescriptible, non seulement les fondements de la personnalité algérienne mais aussi l'identité d'un peuple jaloux de sa dignité et de sa liberté à travers les âges. L'Algérie d'aujourd'hui, c'est-à-dire 54 ans après l'indépendance et 36 ans depuis les évènements du 20 Avril 1980, a franchi de nombreuses étapes et gravi d'une manière irréversible les marches du destin qu'elle s'est construit elle-même. Tamazight, langue officielle Un destin où tamazight est reconnue comme langue nationale et officielle. Ainsi, en vertu des amendements constitutionnels, on peut lire désormais dans l'article 4 de la Constitution « tamazight est également langue nationale et officielle. L'Etat œuvre à sa promotion et à son développement dans toutes ses variétés linguistiques en usage sur le territoire national ». Cet acquis est la résultante d'un processus qui s'est opéré graduellement. Dans la révision de la Constitution de 2002, tamazight a été constitutionnalisée en tant que langue nationale. Il est stipulé alors dans l'article 3 bis : « Tamazight est également langue nationale. L'Etat œuvre à sa promotion et à son développement dans toutes ses variétés linguistiques en usage sur le territoire national. » Cette institutionnalisation lui a ouvert de grandes perspectives pour sa promotion. Toutefois, les premières réformes introduites en ce sens ont connu par le passé des avancées que d'aucuns jugeaient alors d'acquis. L'on se rappelle d'ailleurs de l'introduction, après la grève du cartable au milieu des années 1990, de tamazight dans certains établissements scolaires et la création du HCA (Haut-Commissariat à l'amazighité) à la faveur du décret présidentiel n°95-147 en date du 27 mai 1995. Une institution placée auprès de la présidence de la République présidée par un chantre du mouvement national, de la révolution et du combat pour la reconnaissance de tamazight, en l'occurrence Mohand Idir Aït Amrane. Ce fut alors le premier organisme officiel dédié à la promotion de la langue berbère à l'échelle du Maghreb. Une avancée qui a alors boosté la recherche académique et a accompagné la dynamique et le processus d'enseignement de tamazight, que ce soit dans les universités ou dans les établissements scolaires. En attendant la mise en place de l'académie Désormais et à la faveur de la nouvelle Constitution, une nouvelle étape est franchie en ce sens, puisqu'on s'achemine vers la mise sur pied d'une académie, comme le stipule le deuxième paragraphe de l'article 4 de la le Loi fondamentale : « Il est créé une académie algérienne de la langue amazigh, placée auprès du président de la République. L'académie, qui s'appuie sur les travaux des experts, est chargée de réunir les conditions de promotion de tamazight en vue de concrétiser, à terme, son statut de langue officielle. Les modalités d'application de cet article sont fixées par une loi organique. » La mission et le rôle de cette future académie, constituée, d'évidence, de sommités, sont déterminants pour asseoir d'une manière pérenne le caractère officiel de tamazight. Un objectif qui nécessite un travail de recherche scientifique loin de toute influence ou récupération idéologique, voire politicienne, quel qu'en soit son bord. Miroir de l'évolution sociétale, l'école algérienne s'approprie elle aussi sa deuxième langue nationale. En effet, la généralisation de l'enseignement de la langue tamazight à l'école est une réalité qui se concrétise d'année en année. Lors de la célébration de Yennayer 2966, Nouria Benghebrit, ministre de l'Education nationale, avait déclaré que « le nombre de wilayas où tamazight est enseignée est passé de 11 (2014-2015) à 21 actuellement. Ce processus sera progressivement généralisé. Chaque année, nous ouvrons des postes d'enseignement de tamazight. Je reste optimiste en ce qui concerne les résultats de nos efforts. » Outre l'école, tamazight s'est imposée également dans le paysage médiatique. Radios, télévisions, presse écrite et APS, lui consacrent une place prépondérante qui lui revient d'ailleurs naturellement.