Maître Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), a réagi, hier, à la publication d'une photo du président de la République par le Premier ministre français, Manuel Valls, sur son compte Twitter. Pour lui, c'est un acte « lâche » et un « abus de confiance ». « Lorsqu'on vous fait la confiance de vous recevoir chez soi, on se doit de se comporter correctement », a-t-il dénoncé. Concernant la photo du chef de l'Etat publiée à la Une du journal Le Monde en relation avec l'affaire dite Panama Papers, il a estimé que ce quotidien « a commis une faute majeure en publiant cette photo, alors que le chef de l'Etat n'a rien à voir avec cette affaire ». « C'est une politique de l'amalgame de vouloir ternir l'image d'un président de la République par un pays prétendu ami de l'Algérie », a-t-il déploré, estimant que « cela est scandaleux et honteux ». « J'ai compris parfaitement la réaction des autorités algériennes qui ont refusé de délivrer un visa aux journalistes du Monde, parce qu'un média n'a pas à agir comme il l'avait fait à notre égard », a-t-il ajouté. Pour lui, « l'Algérie a le devoir de se défendre devant de telles diffamations à l'égard du premier magistrat du pays ». « La politique d'amalgame française n'est pas innocente, elle a été longuement réfléchie. L'Algérie a beaucoup d'ennemis aussi bien dans la presse française qu'ailleurs », a-t-il affirmé, ajoutant qu'« on continue de reprocher à l'Algérie d'avoir arraché son indépendance, ce qui n'a pas été totalement digéré outre-mer ». Sur un autre registre, et en matière de promotion des droits de l'homme et de respect des libertés, l'invité de la Radio algérienne a affirmé que de grandes avancées ont été réalisées en Algérie. « L'Algérie respecte les libertés. Elle a fait les choix nécessaires et pris les dispositions et mesures légales pour poursuivre cet objectif », a-t-il ajouté. A propos du rapport de la CNCPPDH sur la situation des droits de l'homme en Algérie remis au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, il a fait savoir que nombre de questions ont été abordées comme le chapitre sur les réformes de l'école, les droits sociaux et le secteur de la santé. Sur l'école, il a souligné la nécessité d'« assainir » ce secteur, le rendre « plus performant » et aller vers « l'école de l'excellence ». Concernant les droits sociaux, il a indiqué que l'aide de l'Etat en direction des citoyens est nécessaire, notamment en matière de logement et de santé. Concernant le récent rapport du département d'Etat américain sur les droits de l'homme en Algérie, il l'a qualifié d'« extrêmement sévère ». « Nous n'avons pas la même vision des choses », a-t-il dit, ajoutant que « ce rapport reconnaît que l'Algérie, sur d'autres points, a substantiellement progressé, et cela compense la sévérité du jugement ». Il a affirmé que l'Algérie « a pris des textes extrêmement importants à l'égard des femmes dans la Constitution révisée. La presse, pour sa part, jouit d'une liberté certaine en Algérie », a-t-il affirmé.