Dans un entretien accordé à la Chaîne III de la Radio nationale dont il était, hier matin, l'invité de la rédaction, Me Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH), s'est dit optimiste quant à la situation des droits de l'Homme dans notre pays. Selon lui, l'Algérie est sur la bonne voie, elle a fait des avancées réelles en matière des droits de l'Homme et respect des libertés. Elle a fait les choix nécessaires et pris les dispositions et mesures légales pour poursuivre cet objectif. Il estime qu'une justice indépendante est incontournable. Il faut, ajoute-t-il, revenir au principe constitutionnel selon lequel le juge ne doit obéir qu'à la loi et à sa conscience. Cela permet, dit-il, de sauver la démocratie et la société. Un magistrat, rappelle-t-il, a un statut particulier et un rôle essentiel, il est chargé d'appliquer la loi et de protéger le droit du citoyen, sa liberté et la protection de son patrimoine. Il trouve qu'il y a des insuffisances criardes en matière de professionnalisme dues au manque de formation qui sanctionne des études approximatives, souligne-t-il. La presse, pour sa part, jouit d'une liberté certaine en Algérie, pas totale, peut-être, reconnaît-il. Enchaînant sur la photo du président Bouteflika publiée à la Une du journal français le Monde en relation avec l'affaire dite «Panama papers», il a indiqué que ce quotidien, qui est sérieux et respectable, précise-t-il, a commis une faute majeure en publiant cette photo, alors que le chef de l'Etat n'a strictement rien à voir, ni de près ni de loin, avec cette affaire. Il constate que la publication de cette photo n'est pas innocente. Elle a été longuement réfléchie. L'Algérie a beaucoup d'ennemis aussi bien dans la presse française qu'ailleurs, a-t-il rappelé, ajoutant qu'on continue de reprocher à l'Algérie d'avoir arraché son indépendance et c'est quelque chose qui n'est pas totalement digérée outre-mer. Pour Me Farouk Ksentini, c'est une politique de l'amalgame de vouloir ternir à tout prix l'image d'un président de la République par un pays prétendu être un ami de l'Algérie, a-t-il déploré, estimant que cela est scandaleux et honteux. Il comprend parfaitement et appuie la réaction des autorités algériennes qui ont refusé de délivrer un visa au journaliste du Monde, parce qu'un média n'a pas à agir comme il l'avait fait à notre égard. Il estime que l'Algérie a le devoir de se défendre énergiquement devant de telles diffamations qui sont entreprises à l'égard du premier magistrat du pays. Il a ensuite abordé la question de la réforme de l'école, en soulignant la nécessité d'assainir ce secteur, le rendre plus performant et aller vers l'école de l'excellence qui ne sera obtenu, selon lui, que par voie de concours, allusion directe au mouvement des enseignants contractuels qui ont revendiqué leur permanisation directe. Sur les droits sociaux, il a indiqué que c'est le devoir de l'Etat d'aider le citoyen, notamment en matière de logements sociaux et de santé. Il a indiqué que le rapport du CNCPPDH remis récemment au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, sur la situation des droits de l'Homme en Algérie, plusieurs questions ont été abordées comme le chapitre sur la réforme de l'école, les droits sociaux et le secteur de la santé. Il faut créer l'emploi, ajoute-t-il. Inévitablement, le président de la CNCPPDH a commenté le récent rapport du département d'Etat américain sur les droits de l'Homme en Algérie, qu'il a qualifié d'«extrêmement sévère». Il rappelle qu'au nom de la démocratie, on a détruit la Libye et assassiné Kadhafi. Concernant la publication d'une photo du président Bouteflika, par le Premier ministre français, Manuel Valls, sur son compte Twitter, Me Farouk Ksentini l'a qualifiée d'acte odieux. C'est une lâcheté et un abus de confiance. Lorsqu'on vous fait confiance de vous recevoir chez soi, on doit se comporter correctement et non pas agir comme cela a été fait par M. Valls, a-t-il dénoncé.