Malgré le retrait des représentants de l'opposition, Damas poursuivra les pourparlers de paix à Genève sous l'égide de l'ONU jusqu'à l'obtention d'une solution. C'est ce qu'a déclaré, jeudi dernier à Prague, le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Faysal al-Mikdad, au cours d'une visite, la première, dans un pays membre de l'Union européenne, depuis le début du conflit syrien. La République tchèque est le seul pays de l'UE à avoir gardé ouverte sa mission diplomatique à Damas. Le diplomate syrien a réitéré l'engagement du gouvernement à respecter la cessation des hostilités réclamée par l'ONU. « Nous allons envoyer de l'aide humanitaire à la population de la Syrie là où elle en a besoin, et nous allons poursuivre les pourparlers jusqu'à ce que nous arrivions à une solution », a-t-il déclaré. Le chef de la diplomatie tchèque, Lubomir Zaoralek, a, de son côté, plaidé pour une solution politique. « L'actuelle cessation des hostilités est fragile mais fonctionne et il est dans notre intérêt qu'elle s'élargisse à l'ensemble du territoire de la Syrie », ont souligné les diplomates tchèques. Entamés le 13 de ce mois à Genève, les pourparlers de paix intersyriens sont toujours au point mort. Pour rappel, l'opposition, représentée par le Haut comité des négociations (HCN), a suspendu, lundi dernier, ses discussions formelles avec le médiateur. Les deux principaux dirigeants du HCN, Mohammad Allouche et Assad al-Zoabi, ont quitté Genève jeudi dernier et le reste de la délégation devait partir hier. Le gouvernement, qui fait le forcing pour faire aboutir ce processus, a proposé la formation d'un gouvernement d'union avec des opposants qui ne soient pas sous influence étrangère. Le médiateur de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, devait annoncer, hier, à la fin de ce troisième round, une pause avant de convoquer à nouveau les délégations à Genève. Staffan de Mistura s'était félicité auparavant des progrès réalisés dans la livraison de l'aide humanitaire dans le pays. « Plus de 560.000 personnes bloquées dans des zones assiégées ou difficiles d'accès ont pu recevoir de l'aide depuis le début de l'année, dont plus de 100.000 au cours des deux dernières semaines », a-t-il déclaré à l'issue d'une réunion à Genève du groupe de travail humanitaire sur la Syrie. Ces chiffres n'incluent pas les 120.000 habitants de la ville de Rastan, aux mains des rebelles, qui ont reçu de la nourriture et des médicaments pour la première fois depuis 2012. Un convoi de 65 camions affrétés par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a été autorisé à pénétrer jeudi dernier dans la localité. L'émissaire onusien a salué des progrès modestes, mais réels en ce qui concerne l'aide humanitaire en Syrie. « Néanmoins, ce n'est pas suffisant pour que nous nous en contentions », a-t-il ajouté . Le Programme alimentaire mondial (PAM) avait réussi à effectuer huit largages d'aide au-dessus de la ville de Deir Ezzor, où vivent plus de 200.000 personnes encerclées par des terroristes de Daech. Sur le terrain, les Kurdes de Syrie ont créé une armée pour protéger leur « région fédérale » proclamée le mois dernier lors d'une réunion de représentants de partis kurdes, arabes et assyriens. En 2012, ils ont instauré un système de trois administrations autonomes (Afrine, Kobané et Jaziré) qui ont désormais leurs propres forces de police et des écoles indépendantes.