Une nouvelle ère se présente au nouveau Soudan du Sud et du Nord lié par les défis de la stabilité, de la nécessaire coopération et du destin commun. Le divorce est officiellement consommé. C'est en présence d'Omar El-Béchir et du président du Sud-Soudan, Salva Kiir, que le choix souverain en faveur de la sécession a été entériné, au cours d'une cérémonie à Khartoum pour valider les résultats définitifs du référendum annoncés le 30 janvier (98,83% de voix favorables à l'indépendance). L'effet d'annonce est somme toute symbolique. «Nous allons annoncer aujourd'hui, devant le monde entier, que nous acceptons les résultats et que nous respectons le choix des Sud-Soudanais», a déclaré Omar El-Béchir dans un discours devant des femmes et des étudiants au siège de son parti, le Parti du congrès national (NCP). Il a aussi précisé que «les résultats du référendum sont bien connus. Le Sud-Soudan a choisi la sécession. Mais, nous nous engageons à maintenir les liens entre le Nord et le Sud et nous nous engageons à maintenir de bonnes relations fondées sur la coopération.» Après deux décennies de conflit fratricide, la dynamique de paix, initiée par l'accord de 2005 scrupuleusement respecté, se met en branle. Elle nécessite une période de transition qui permet une adaptation à la nouvelle situation et la mise en place des mécanismes de règlement des questions épineuses de délimitation des frontières, du partage des revenus pétroliers (80% des réserves au Sud et l'oléoduc transitant par le Nord), le statut d'Abeyi et des Soudanais établis au Nord et au Sud. Si pour le président El-Béchir la sécurité et les biens des sudistes établis au nord sont garantis, les tensions restent vives à la frontière. C'est le cas surtout de la ville stratégique d'Abeyi revendiqué par la tribu sudiste Dinka Ngok et les Misseriya du Nord. De violents combats (60 morts) ont opposé les deux protagonistes et ont conduit au report du référendum de rattachement prévu le 9 janvier. Plus au Sud, une mutinerie a éclaté dans les rangs des anciens miliciens opposés au transfert vers le Nord de leurs armes de gros calibres. Une nouvelle ère se présente au nouveau Soudan du Sud et du Nord lié par les défis de la stabilité, de la nécessaire coopération et du destin commun. Devant son cabinet, le président Kiir a solennellement affirmé que «l'indépendance du Sud n'est pas la fin de la route, parce que nous ne pouvons pas être ennemis. Nous devons construire des relations fortes (...), il y a beaucoup de choses qui lient le Nord et le Sud.» Les chantiers d'avenir ont pour nom : la sécurité, l'accord de paix sur le Darfour, la suppression de la dette étrangère du Soudan et la levée des sanctions économiques prises par les Etats-Unis.