À la demande du Conseil de la paix et de la sécurité de l'UA, l'envoyé spécial pour le Sahara occidental, l'ancien président mozambicain Joaquim Chissano, a longuement plaidé, lors d'une réunion informelle du Conseil de sécurité de l'ONU convoquée par l'Angola et le Venezuela, la cause sahraouie qui souffre d'un statu quo reconnu par tous « intenable » et porteur assurément de risque de déflagration dans la région. L'absence de progrès et les dernières mesures de rétorsion marocaines, procédant le 24 mars dernier à l'expulsion de la Mission onusienne, traduit le défi marocain à la légalité internationale et le recours systématique au chantage clairement affiché dans le maintien des sanctions jugées « irrévocables ». Cette situation d'impasse totale, générant le bras de fer entre Rabat et l'ONU, n'est ni conjoncturelle ni accidentelle. Elle a bien véhiculé la crise de confiance révélée par le départ forcé de l'ancien envoyé personnel, James Baker, le refus de toute coopération avec l'actuel représentant du secrétaire général de l'ONU, Christopher Ross, déclaré persona non grata, et l'empêchement de Ban Ki-moon de visiter El Ayoune occupée. Il est de plus en plus admis que la « bonne foi » des 2 parties en conflit et le rejet des préalables, érigés en critère dans le processus de dialogue de Manhattan, souffrent énormément des pratiques d'oblitération du Maroc tournant le dos à la communauté internationale et accrochée au mythe de l'autonomie conçue comme la seule solution à la question de décolonisation sahraouie. Le verdict africain, qui reflète le long héritage du combat libérateur, coule de source. « Il faut donner au peuple du Sahara occidental l'occasion de choisir librement son destin », a martelé l'envoyé spécial de l'UA dans une réunion qui a fait salle comble et particulièrement suivie par de nombreux représentants des pays européens, arabes et africains. Face au risque de dérapages, le réquisitoire africain plaide pour le rétablissement de la Minurso et la désignation au plus vite d'une date pour la tenue du référendum prévu de longue date conformément aux engagements conclus par les deux parties au conflit dans les accords de septembre 1991. Le temps des responsabilités a sonné pour l'ONU en crise de légalité et interpellée dans sa vocation essentielle de maintien de la paix et de décolonisation inachevée. C'est en partenaire crédible que l'UA, héritant de son ancêtre (Organisation de l'unité africaine) un engagement indéfectible en faveur de la décolonisation dont le Sahara occidental reste la seule colonie privée de son droit inaliénable à l'autodétermination, signifie le choix stratégique de la nouvelle Afrique unie et stable inséparable du destin du peuple sahraoui frappé d'injustice et souffrant en silence du déni de solidarité de la communauté internationale pactisant pour certaines puissances européennes avec le Maroc dans le deal honteux du pillage des ressources sahraouies. « Les Sahraouis endurent de grandes souffrances dans des conditions difficiles. Je veux attirer l'attention du monde sur une population dont la souffrance est souvent ignorée. Cette situation est inacceptable », a reconnu Ban Ki-moon. Mais, qui rendra justice à un peuple, notamment une jeunesse lasse des promesses de paix non tenues ? Le moment est ainsi venu pour mettre fin à la dérive coloniale.