« Bien que les recettes pétrolières aient baissé jusqu'à 60%, les ressources financières restent plus élevées que les dépenses », a assuré hier dans une conférence de presse au niveau de son département, le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhelfa. A propos de la hausse des dépenses budgétaires, le ministre a expliqué que c'est une situation « normale vu que nous sommes dans une phase de transition d'un mode de financement à un autre. » « Passer d'un mode de financement à un autre n'est pas chose facile. Et puis, la hausse des dépenses est due aussi à l'achèvement des projets d'envergure qui ont été entamés. Ces projets sont prioritaires », explique-t-il en soulignant que l'emprunt obligataire qu'il qualifie « d'innovateur », n'est pas l'unique source de financement. Il a rappelé qu'il existe d'autres moyens de financement tels le marché boursier, les crédits bancaires, les obligations du Trésor et les valeurs de l'Etat. « Notre stock de crédits au niveau des banques est de 7.500 milliards de dinars tandis que celui du Trésor est estimé à plus de 100 milliards de dinars. L'épargne hors hydrocarbures est de 5.000 milliards de dinars. Même si l'Algérie est affectée par la chute des prix du pétrole, elle a les moyens de rebondir d'une façon concrète pour achever, notamment les projets d'envergure étatiques », note-t-il en évoquant les projets relatifs aux écoles, aux parcs industriels, aux ports, aux lignes ferroviaires, à l'irrigation, aux logements sociaux... Grâce à ces modes de financement, d'après lui, des centaines de milliards de dinars circulent quotidiennement et génèrent des intérêts, précisant, par ailleurs, que le budget de gestion est couvert à plus de 120%. Le ministre délégué auprès du ministre des Finances chargé du Budget et de la Prospective, Hadj Baba Ammi, a signalé, pour sa part, que le rythme des dépenses observé en 2015 doit se poursuivre en 2016. « Nous ne pouvons pas arrêter la machine des dépenses d'une façon brutale. Nous allons réduire les dépenses de telle sorte à les amener à un certain niveau sans causer un choc à l'économie nationale. Nous utiliserons une sorte de pilotage progressif pour que les dépenses atteignent, dans deux ou trois mois, un niveau qui soit adapté à la nouvelle situation. Il faut donc réussir la phase de gestion des dépenses et en même temps, ne pas interrompre les projets en cours », estime-t-il. Dans ce contexte, le ministre des Finances a indiqué que nous comptons des milliers de chantiers et d'entreprises à irriguer financièrement sans pour autant porter préjudice aux équilibres financiers. « Pour cela, il faut mobiliser toutes les ressources financières, nationales et internationales aussi, mais d'une manière préférentielle », dit-il. A propos de l'endettement extérieur, qui ne dépasse pas les 8% en Algérie contre 60% dans certains pays étrangers, Baba Ammi a assuré que ce n'est pas une « tare » à condition qu'il soit bien géré. « Nous avons des capacités d'endettement importantes. Nous allons, dans les années à venir, essayer de rester dans des niveaux d'endettement acceptables et gérables. L'endettement n'est pas dangereux s'il est bien utilisé. Même dans les infrastructures car ces dernières participent à l'attractivité des investissements », explique-t-il, signalant que l'endettement interne est de 0,3%. Pour revenir à l'emprunt obligataire, le ministre a affirmé qu'il est prometteur, générant d'ores et déjà des dizaines de milliards de dinars. « La communauté algérienne installée à l'étranger peut adhérer à cette opération à condition que la souscription soit en dinars. Nous disposons de 7 millions de comptes en devises. Ceux qui sont intéressés peuvent faire un transfert et convertir leur argent », fait-il savoir. Il a estimé, par ailleurs, que ce mode de financement, comme tous les autres appliqués, n'ont pas d'incidences religieuses. « Tous les modes de financement fonctionnent avec des taux d'intérêt. Pourquoi cette fixation sur l'emprunt obligataire ? », s'interroge-t-il.