Face à cette mutation économique nationale mais aussi mondiale, l'Algérie n'a pas d'autres choix que de lancer une réflexion pour la mise en place d'une véritable politique national d'innovation. Seule parade qui lui permettra d'introduire la chaîne de valeur mondiale et capter les nouvelles technologies. C'est l'une des principales recommandations de la 2e édition de la Journée relation entreprise/université organisée à Oran par le Forum des chefs d'entreprise FCE), en présence du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, ahar Hadjar. Saisissant l'occasion du 19 Mai, Journée nationale de l'étudiant, le ministre a mis l'accent sur la nécessité d'impliquer l'université dans le développement local. L'université, a-t-il dit, est appelée devenir « une entreprise productive » en termes de projets d'innovation et de recherche scientifique au service de l'économie nationale. Ce qu'il lui permettra, selon lui, de participer activement et efficacement au développement territorial. Il a, dans ce cadre, informé que son département a saisi les autorités locales en vue d'établir un plan de développement local. La finalité, a-t-il dit, est d'adapter la formation à la spécificité de la région. Pour illustrer ses propos, le ministre a indiqué que si Oran porte le projet automobile, il revient à l'université de cette wilaya de développer des spécialités dans ce secteur industriel. Djamila Halliche, directrice générale de l'Agence nationale de la valorisation des résultats de la recherche et du développement technologique (Anvredet), soutient également cette thèse soulignant qu'il est « absolument nécessaire de prendre en compte les spécificités de la région par rapport à la promotion de la recherche et de l'innovation ». L'université devra changer son mode d'emploi Hadjar a fait observer que l'université devra changer de mode d'emploi. Se référant aux pays développés, il a indiqué que l'université évolue à hauteur de 80% au sein des structures industriels, or qu'en Algérie le scénario est tout autre. L'université algérienne est, pratiquement, déconnectée du monde industriel et la recherche scientifique se limite à la théorie, a-t-il déploré. Ainsi, recommande-t-il d'améliorer les procédés pratiques et de consolider le lien entre l'université et l'entreprise. Un objectif qui ne peut être atteint sans la mise en place d'une politique nationale d'innovation, a souligné, pour sa part, le président du FCE, Ali Haddad. Il va sans dire « qu'aucun développement n'est envisageable sans l'innovation et qu'aucune nation ne peut prétendre au statut de puissance si elle ignore ses compétences et leur récuse le statut d'élite ». Le FCE, ajoutera-t-il, aspire à construire une économie du savoir. Chefs d'entreprise, universitaires et chercheurs convergent sur cette question d'autant, unanimement, ils se disent convaincus que « la performance économique d'un pays est déterminée par son système d'innovation ». Encore faut-il déployer des mécanismes de financement. Dans ce cadre, Halliche plaide pour la création d'un fonds national dédié à l'innovation « pour inciter les entreprises à développer les projets de recherche » ainsi que pour améliorer leur « capacité à absorber les technologies issues des résultats de la recherche scientifique ». La mise en place d'une loi pour la protection des droits intellectuels, des incubateurs et de clusters est, de ce point de vue, également recommandée. Renforcer l'offre de l'employabilité Pour le professeur Debièche, directeur de l'Ecole nationale polytechnique, les partenaires devront co-construire cette relation entre l'entreprise en tant que secteur utilisateur et l'université en sa qualité de formatrice pour renforcer « l'offre de l'employabilité ». Pour asseoir cette relation, il prône la création d'une structure avec un statut juridique qui assurera le rôle d'interface entre l'entreprise et l'université. Dans ce cadre, Ali Haddad a fait savoir que le FCE a créé jusqu'à présent 400.000 postes d'emploi. Parmi les expériences réalisées dans ce cadre, la réussite de la collaboration entre Général Emballage et l'université de Béjaïa a été mise en relief. Celle-ci a établi un nouveau concept, à savoir la licence professionnelle dans le domaine de l'emballage et de la qualité. La première promotion est sortie en 2015. Par ailleurs, lors de cette rencontre, plusieurs conventions ont été signées entre différentes universités et entreprises. L'occasion fut également propice pour la remise du prix du FCE d'une valeur d'un million de dinars pour la meilleure thèse de doctorat. Celui-ci a été décerné à Liès Bentrouche de l'université de Constantine pour sa thèse qui a pour thème « Investigation sur l'application de plasma froid de stérilisation ». Le deuxième prix d'une valeur de 600.000 DA est revenu à Amine Belbahi de l'université de Béjaïa, pour son projet de procédé de pasteurisation de Deglet Nour.