L'université de Béjaïa a piloté le passage au LMD à partir de 2004. Mais elle a ajouté un étage à la réforme. Orientation vers l'employabilité des diplômés. Un chantier de huit ans qui donne aujourd'hui ses premiers fruits avec des partenariats université-entreprises. Le recteur de l'université de Bejaïa, le Pr Merabet Djoudi, maître d'œuvre de ce chantier, en parle. Entretien. Comment est venue l'idée de coopérer avec des entreprises ? Lors de l'évaluation régulière de notre établissement, nous avons constaté que le taux d'employabilité de nos diplômés est très faible. Il fallait donc apporter des changements dans nos méthodes de travail et, surtout, adapter nos offres de formation à notre environnement socio-économique. Après ce constat nous avons commencé par la mise à niveau sur le plan pédagogique et scientifique, ce qui nous a permis de faire partie du premier groupe des dix établissements qui se sont engagés dans le système LMD en 2004. Initialement, nous avons mis en place un club université/entreprises qui nous a permis d'enclencher la dynamique de la relation. Par la suite, nous avons lancé l'idée du forum de Bejaia porteur d'une synergie nouvelle qui s'inscrit dans le cadre d'un partenariat gagnant-gagnant. Qu'a apporté de plus cette orientation à l'université et au secteur économique? L'expérience de l'université de Bejaia est non seulement concrète et significative, mais elle s'est élargie aussi vers la construction d'un consortium euro-méditerranéen autour d'un projet Tempus portant sur l'insertion des diplômés. Notre objectif n'est pas seulement d'assurer des formations dans les nouveaux métiers plaidant en faveur de l'employabilité mais aussi de développer la culture entrepreneuriale. Le diplômé doit être acteur de son projet professionnel en passant du stade de demandeur à celui de créateur d'emploi. Pour accompagner cette dynamique de changement, l'université de Bejaia, en collaboration avec la Direction Générale de la Recherche Scientifique, est en train de mettre en place le Centre d'Innovation et de Transfert Technologique, véritable passerelle entre l'environnement universitaire et le secteur économique. Jugez-vous positif votre retour d'expérience ? Aujourd'hui, plus de 43 accords de partenariat sont signés avec des Entreprises Nationales et des Centres de Recherche sous forme de convention de partenariat, de financement de mémoires de Magister et de collaboration en matière d'expertise scientifique et de formation. Je peux affirmer qu'une relation de ce type ne peut être que positive. La preuve en est dans la participation de plus de soixante dix entreprises à chacune des sessions du Forum de Bejaïa. En développant ses compétences en synergie avec le monde socioéconomique qui l'entoure l'université de Bejaia réalise sa devise : «Innover et avancer». Est-ce que vous avez un exemple concret de réussite de cette relation gagnant gagnant ? Sur le plan formation, nous travaillons avec l'entreprise General Emballage sur une licence professionnelle en emballage et qualité. 30 étudiants seront sélectionnés à la fin de la première année pour poursuivre cette formation et ils percevront une bourse de l'entreprise équivalente au SNMG sur deux années. Par ailleurs, ces étudiants auront un contrat d'embauche. La même entreprise s'est engagée à offrir une bourse équivalente au SNMG à 15 étudiants de Master (M2) et un contrat de recrutement. Plusieurs autres actions de ce type sont en cours de concrétisation avec cette entreprise dans le domaine de la recherche, formation continue, etc. Vous constatez donc que cette coopération avec General Emballage, basée sur la confiance mutuelle, est un exemple concret de réussite qui se répercutera positivement sur les intérêts des deux parties. Le système LMD facilite-t-il la coopération avec le secteur économique? Parlons plutôt d'esprit d'initiative et d'innovation. Cet objectif visé par la reforme est déjà une avancée qui plaide en faveur de la compétitivité et met en avant la qualité de la formation. Il va sans dire que le LMD est urbanisé autour d'un projet d'étude qui plaide en faveur d'un projet professionnel permettant une meilleure insertion à condition que cette préoccupation partagée par tous les acteurs. Ne pensez-vous pas qu'il est impératif que la coopération université-environnement économique se généralise pour qu'elle ait un sens ? Je sais que certaines universités algériennes (Constantine, Tlemcen, ) travaillent avec Bejaia dans le cadre de consortium euro-méditerranéen pour la mise en place de passerelles entre l'université et le monde socioéconomique. Les nouveaux organes d'évaluation mis en place par le secteur permettront surement de mesurer sans cesse la qualité des relations, de la formation et de la mise en valeur du produit de la recherche. Nos jeunes ont soif de découvrir, de connaître, de se comparer aux autres et de bâtir un référentiel solide qui leur permettra d'y aller de l'avant. Nous avons le devoir de les accompagner par la mise en place d'une nouvelle forme d'organisation de la mobilité à la hauteur de leur ambition. La mobilité universitaire, devenue incontournable, est créatrice de culture et d'ouverture d'esprit qui restent des éléments clef de la réussite académique et de l'insertion professionnelle.