Dans l'ultime virage, le vote par correspondance qui sauve, représentant 16,7% des suffrages exprimés (750.000 électeurs), a permis la résurrection électorale du candidat du parti écologiste, rivé au premier tour à la deuxième place (21,3%) pour l'emporter au finish contre le favori des sondages pourtant largement en tête des votes déposés dans les urnes dépouillées dimanche dernier. In extremis, l'écologiste Alexander Van der Bellen est parvenu à surmonter son retard dans une consultation serrée et marquée par une participation en hausse (72,7%). Le nouveau président autrichien a battu d'une courte tête son rival Norbert Hofer rêvant déjà de « futurs succès » en Europe qui peut à juste titre lancé un grand soulagement. « Le très beau résultat » du 1er tour du candidat du FPÖ, Norbert Hofer, a inspiré son alter ego français, le Front national, prêt à la bataille de la présidentielle de 2017, et l'extrême droite chypriote faisant, dimanche dernier, son entrée au Parlement. Présente à Vienne pour la soirée du second tour, la co-dirigeante de la droite populiste allemande AfD (Alternative für Deutschland), Frauke Petry, pouvait entretenir les espoirs d'une « nouvelle ère en Europe ». Un coup d'arrêt à l'extrême droite autrichienne ? La prochaine bataille des législatives de 2018 s'avère tout aussi décisive pour le FPÖ frustré d'une victoire présidentielle qui lui tendait les bras. « Les prochaines élections législatives seront dramatiques », a prévenu Friedrich Cerha, le doyen des compositeurs autrichiens foncièrement anti-extrémiste et convaincu que l'Autriche n'a gagné qu'un sursis de quelques années. La marge de 31.026 voix, soit 0,6 points, s'est donc révélée suffisante pour le vainqueur boosté par près d'un électeur sur deux (50,3% des suffrages) acquis au plaidoyer prônant un « investissement sur l'avenir ». Après l'effondrement des partis traditionnels, les sociaux-démocrates et les conservateurs, l'ultime rempart contre le populisme et l'extrémisme, béni par le ministre italien des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, et le Premier ministre français Manuel Valls, a tenu bon. Au lendemain de son investiture, prévue le 8 juillet prochain, le nouveau chef d'Etat, considéré par l'électorat majoritairement jeune (56%) comme étant « le plus à même de représenter l'Autriche à l'étranger », s'est engagé à « être un président au-dessus des partis » pour représenter « dans toute sa diversité » les deux Autriche divisées en camps irréductibles. Vers une cohabitation rééditant l'expérience tumultueuse de l'entrée au gouvernement du FPÖ de Jorg Haider, en 1999, sanctionné par l'Union européenne et chassé du parti. Le projet du grand rassemblement est défendu par le chef de l'Etat autrichien qui veut « gagner » la confiance de tous pour travailler ensemble. « Beaucoup ont parlé des lignes de séparation dans ce pays entre ceux d'en haut et ceux d'en bas, entre les jeunes et les plus âgés... Mais on peut aussi dire que nous sommes un même ensemble, que nous sommes deux moitiés qui sont aussi importantes l'une que l'autre, et qu'ensemble nous faisons cette belle Autriche », a-t-il déclaré dans son premier discours.