Près d'un quart de siècle après sa tragique disparition, ceux qui ont connu ou approché Djaout parlent encore de lui. Lors de colloques au pays ou à l'étranger, au détour de cérémonies ou de rencontres amicales, sa mémoire demeure présente. Dans son dernier livre « Ma piste aux étoiles », paru chez Casbah édition, notre confrère Nadjib Stambouli, qui le côtoya des années durant, lui consacre un portrait attachant. Son évocation complète d'autres livres comme celui de Rachid Mokhtari « Un écrivain pérenne » édité par Echihab en 2011 ou la somme d'écrits de confrères (Ferhani, Metref, Balhi, Hamid Abdelkader ...) ou de poètes algériens et étrangers réunis chez Barzakh par Amine Khan dans un livre intitulé « Présence de Tahar Djaout, poète ». Les écrits de l'écrivain sur la peinture, un de ses centres d'intérêt, ont été réunis par Nacer Khodja dans un beau livre intitulé « Une mémoire en signe ». Au-delà des témoignages, de plus en plus de jeunes cherchent surtout à mieux connaître son parcours et ses livres. Son œuvre composée de cinq romans inaugurée en 1981 par « L'exproprié » à l'écriture tourmentée et achevée par « Le dernier été de la raison », paru à titre posthume, est disponible. Un coffret réunissant celle-ci est paru l'an dernier chez l'éditeur Quipos. l'Enag avait déjà mis sur le marché quelques publications, notamment « L'exproprié » et son recueil de nouvelles « Les rets de l'oiseleur » qui révélèrent le talent de Djaout alors journaliste à l'hebdomadaire Algérie Actualité depuis novembre 1978. Son éditeur, le Seuil, a réédité aussi, dans la collection « Points », ses autres livres, notamment « Les vigiles » et « Les chercheurs d'os ». Si en tamazight, peu de ses d'écrits ont été traduits, de son vivant déjà « Les chercheurs d'os » existait en version arabe. « L'exproprié » et « Les Vigiles » aussi. Un legs précieux Au-delà des témoignages de regrets sur la fin prématurée et tragique d'un des bourgeons de la littérature algérienne, ses écrits ont survécu. D'abord sur les planches. Omar Fetmouche s'est inspiré de « Les vigiles », radioscopie d'une Algérie ligotée par une bureaucratie crasse. Il a produit au théâtre régional de Bejaia une pièce qui gagnerait à être rediffusée. Si nul éditeur n'a retrouvé ou publié d'inédits, la vie et l'œuvre de Tahar Djaout ont suscité de nombreux écrits. Avec les écrits d'Abdelkader Djeghloul et de Youcef Merahi, on connaît mieux la teneur des articles de Djaout. Le premier s'est intéressé à sa collaboration alors qu'il était au milieu des années 80 en formation à Paris, à la Revue Actualité de l'émigration depuis disparue. Le second a compilé ses premiers articles alors qu'il débuta sa carrière de journaliste à El Moudjahid culturel à partir de septembre 1975. Ali Chibani a, d'autre part, confié un travail de recherche à caractère universitaire sur la parenté thématique entre l'écrivain et le poète Lounis Ait Menguelet aux éditions Koukou. Mme Amhis dans « Ce tisseur de lumière » procède à une analyse du contenu de ses livres. Au cinéma, Kamel Dehane, un camarade de lycée de Djaout, a transposé les personnages de « Les vigiles » sur écran. Ils furent incarnés notamment par Sid Ali Kouiret et Nadia Kaci. Cette présence multiple n'est pas seulement une prière de l'absent. Elle prolonge et protège un précieux legs qui défie la mort et l'oubli.