Les experts en économie plaident pour la nécessité de réactiver le Conseil de la concurrence et la réhabilitation de son rôle et ce, pour le fonctionnement optimum de l'économie nationale. Mais aussi pour la protection des consommateurs. Jugée caduque, la loi 03/03 du 19 juillet relative à la concurrence devra faire l'objet d'une refonte. C'est ce qui ressort de la journée organisée, hier, à Alger sur le rôle du Conseil de la concurrence dans la régulation du marché. Les intervenants s'accordent à dire que le gouvernement devra agir pour donner plus d'autonomie à cet organe. Selon le président du Conseil de la concurrence, Amara Zitouni, les modifications apportées à cette la loi en 2008 et en 2010 n'ont fait que « déstabiliser le texte » régissant la concurrence, considéré actuellement « incohérent ». En plus, le Conseil n'a même pas les moyens d'assurer pleinement son rôle de régulateur du marché, a déploré son président, soulignant qu'il n'a, d'ailleurs, même pas de siège adéquat et fonctionne seulement avec 28 personnes sur un effectif de 150 prévu initialement. Raison pour laquelle il met l'accent sur la nécessité de revoir ladite loi ainsi que le statut du Conseil de la concurrence. Il a fait savoir que ce dernier a eu recours à l'expertise de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) en vue d'avoir des propositions pour la refonte de cette loi. Malgré les multiples contraintes auxquelles il fait face, le Conseil a pu traiter une centaine d'affaires dont certaines ont fait l'objet d'une décision d'irrecevabilité et d'autres de sanctions pécuniaires. Pour le professeur d'université Mohamed Chérif Belmihoub, cet organe devra jouir de « prérogatives pleines pour pouvoir jouer le rôle de l'arbitre ». Avec un marché qu'il juge « complètement déstructuré » en raison de la prolifération de l'informel, l'intervention d'une institution « forte de par son statut de régulateur » devra être consolidée, a-t-il dit. D'après cet expert, mis à part certains segments, à l'image de l'agroalimentaire, le marché algérien est loin d'être « concurrentiel ». Il est caractérisé par « une forte domination de certains opérateurs ». Pour changer la donne, il faut impérativement commencer, selon lui, par lutter contre la surfacturation. Du coup, il propose de lancer la compétition sur l'importation sur la base des enchères. « Les enchères donnent des résultats meilleurs que les quotas administratifs », a-t-il dit, en citant les licences d'importation. Pour instaurer la concurrence, il faudrait, du point de vue du docteur en économie, Mustapha Mekideche, un minimum de transparence. « Il ne peut y avoir de marché transparent avec des opérateurs qui biberonnent les niches de rente », a-t-il indiqué. Le régime de la propriété constitue un autre frein à la concurrence, selon le professeur d'université Ammar Belhimer qui insiste sur la mise en place de mécanismes à même de régler ce problème. Abdelmadjid Denounni a, quant à lui, annoncé qu'il entend en sa qualité d'opérateur soulever la problématique liée à la concurrence lors de la tripartite prévue le 5 juin prochain.