Photo : Mahdi I. 51 ans se sont déjà écoulés depuis les essais nucléaires effectués par la France coloniale dans le Sahara algérien. Plus d'un demi-siècle, mais les conséquences de ces crimes abominables perpétrés contres des citoyens algériens encore sont perceptibles. Une violation flagrante des conventions internationales consacrant le principe de préservation des droits de l'Homme. Les faits sont là. Pollution atmosphérique. Les victimes aussi, exposées au moment des essais ou suite à l'inhalation de poussières irradiées soulevées par les explosions. Elles se comptent par milliers. La région de Reggane, Adrar actuellement, enregistre une augmentation non seulement des cas de cancers liés à la radioactivité due aux essais nucléaires français, mais également du nombre de nouveau-nés souffrant de pathologies congénitales. Les dégâts sont immenses. Ce qui fait dire aux historiens algériens que même si les officiels français acceptaient de présenter leurs excuses au peuple algérien, cette reconnaissance n'absout pas les humiliations et massacres collectifs des Algériens. La célébration de cette date anniversaire-13 février 1960-a donné l'occasion à deux historiens algériens, M. Amar Belkhodja et le docteur Mohamed Corso, invités hier au Forum d'El Moudjahid, de revenir sur les visées de la France coloniale concrétisées à l'ère du général de Gaulle. Selon le chercheur historien, Amar Belkhodja, les massacres collectifs des Algériens n'ont pas commencé à Reggane. Mais bien avant. C'est d'ailleurs l'intitulé de la conférence d'hier. L'historien se réfère aux crimes du colonialisme depuis le génocide perpétré contre les tribus complètement décimées d'El Oufia à Maison-Carrée actuellement El Harrach, et Oued Riah à Mostaganem au début du 19e siècle et aux essais nucléaires à Reggane. «En 1832, la ville d'Alger a été soumise au pillage et à une destruction massive», a témoigné M. Belkhodja estimant que le coût de la colonisation par l'armée française s'est fait, durant ses toutes premières années, sur le trésor de l'Algérie. L'orateur ne manquerra pas de citer les prélèvements de cornées sur les cadavres (d'Algériens guillotinés) pour des greffes au profit de malades de la métropole. Autre forme de «cannibalisme», selon M. Belkhodja, «c'est le prélèvement d'une substance chimique humaine-sur des cadavres d'Algériens-utilisée pour la fabrication de sucre». Au point où l'Emir Abdelkader avait interdit, à l'époque, aux Algériens de consommer le sucre provenant de France. Pour cet historien, ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. « Malheureusement le cinéma algérien est jusqu'à présent le grand absent de toutes les tragédies que les Algériens ont vécues », a regretté M. Belkhodja, faisant allusion au film documentaire de Azzeddine Meddour. « Pour ceux qui l'ignorent, la France est bel et bien le précurseur des chambres à gaz et des fours crématoires », a souligné le conférencier. L'atrocité des crimes commis est indescriptible. Selon Dr Corso, la France doit reconnaître ce qui a été commis au temps du général Charles de Gaulles. Il déplore la non-prise en considération non seulement de la déclaration des 12 signée en 2000 et la lettre adressée récemment par la veuve Josette Audin, qui demande aux autorités françaises de faire la lumière sur l'assassinat de son époux Maurice Audin. Elle demande, par ailleurs aux officiels français de reconnaître les génocides perpétrés en Algérie. Une demande reléguée aux oubliettes. «La balle est actuellement dans le camp des Algériens », a affirmé Dr Corso. Au-delà des excuses, il est temps pour les Algériens de recenser les maladies liées à la radioactivité due aux essais nucléaires français. Dans le cadre de l'indemnisation, les Algériens ont le droit d'exiger des autorités françaises, la construction d'hôpitaux spécialisés pour la prise en charge des malades de la région affectée par l'impact des essais.