Selon ses propos, le drame n'est pas la triche, mais « la politisation de cette épreuve ». « Nous avons politisé le système national de formation à l'excès, depuis maintenant plus de vingt ans et cela va de mal en pis. Je trouve excessif que chaque fois qu'on arrive à organiser un examen, on donne l'impression que le pays se prépare à livrer une guerre, avec des milliers de policiers et d'encadreurs, alors que c'est un exercice classique. A l'époque, le baccalauréat était l'affaire de l'académie nationale », lance-t-il, confirmant une manipulation de cette question de la part « d'une main nationale et non étrangère ». De son point de vue, la fraude ayant entaché le baccalauréat n'est pas « gratuite ». C'est une « manœuvre » locale, voire un « complot » s'inscrivant dans le cadre de calculs politiciens. « La ministre de l'Education nationale s'applique avec beaucoup de volonté à mettre en œuvre un programme de réforme datant depuis 2000 et qui, depuis le début, est contesté par certains conservateurs. Veut-on lui faire payer une facture sur le dos de 800.000 écoliers algériens ? » s'interroge-t-il, en affirmant que « nul n'a le droit de diviser le peuple algérien, car nous avons dépassé le temps de la politisation de la religion ». Le SG du RND ne s'arrête pas là. Il regrette aussi que le « crime » soit « banalisé » dans beaucoup de situations dans notre pays. « Les technologies de l'information sont utilisées à bon escient mais chez nous, le téléphone mobile sert à créer du bavardage ou des opérations de fraude. Cela est triste », se désole Ouyahia en souhaitant que les parlementaires réclament la révision de la législation contre ce genre de fraude, au lieu de revendiquer le départ de la ministre de l'Education. Concernant la décision d'organiser partiellement cette épreuve, le conférencier a déploré cette situation orchestrée par « des caprices idéologiques », puisque cela impliquera d'autres dépenses et va assurément influer sur la prochaine rentrée universitaire. Evoquant le MAK, Ouyahia a souligné qu'il est soutenu par un pays voisin, d'où le besoin de le contrecarrer pour qu'il ne devienne pas « un danger criminel » en raison de l'indifférence. Ahmed Ouyahia a également évoqué le rapport du département d'Etat américain sur la lutte antiterroriste en Algérie. « Ils ont dit que le commerce informel est tenu par les islamistes qui peuvent financer le terrorisme. Quand on leur disait qu'on luttait contre le terrorisme, ils nous disaient vous avez une opposition armée. On peut aussi parler du financement du terrorisme par le commerce de la cocaïne ou de l'opium » a-t-il relevé en affirmant que l'opposition a pour seule revendication la chute du régime, alors que le pays est confronté à de multiples défis. Interrogé sur le projet de loi imposant l'obligation de réserve aux officiers supérieurs de l'armée à la retraite, soumis récemment au Conseil des ministres, Ahmed Ouyahia estime que les changements apportés à ce texte sont ordinaires et ne sont pas le propre de l'Algérie. Sur un autre registre, Ouyahia a laissé entendre que Sonelgaz qui est « déficitaire » est également victime de « fraude ». Il est préférable, selon lui, que les prix de l'électricité bougent « doucement » que d'avoir à bouger un jour « brutalement ». La crise, « une bénédiction » Au sujet du départ de Mohamed Laksaci, le SG du RND a afirmé qu'il n'a pas été limogé pour avoir failli à sa mission. « Mohamed Laksaci a fait trois mandats à la tête de la Banque centrale. Il a accompli son devoir en appliquant les lois de la République », a-t-il rappelé en précisant que ni l'ex-gouverneur ni l'actuel ne sont responsables de la dévaluation du dinar ou de l'inflation. Le RND est-il favorable au relèvement de l'âge de la retraite ? Ouyahia a répondu par l'affirmative en soulignant que cette démarche est susceptible de « réhabiliter la notion du travail ». Le vent de la crise est difficile mais, dans un autre sens, il est une « bénédiction », puisque cela nous obligera à aller de l'avant et à nous détacher de la dépendance aux hydrocarbures, en souhaitant que la tripartite soit porteuse de nouveautés au profit des investisseurs nationaux. En réponse à une question d'un confrère d'El Khabar, Ouyahia a estimé que l'instance de régulation de la presse écrite est « nécessaire conjoncturellement » au secteur.