Saâd Hariri passe à l'opposition et durcit le ton contre le futur gouvernement de Najib Mikati dans lequel le Hezbollah, son principal ennemi politique, tiendrait les premiers rôles. Six ans, jour pour jour, après l'assassinat de son père Rafik, le patron du parti L'Avenir, proche de l'Occident, a annoncé, dans un discours musclé, le basculement de son mouvement dans le camp de l'opposition, avec pour principal mot d'ordre le soutien indéfectible au Tribunal sur le Liban (TSL), principal point de discorde entre les deux parties, et dont le Hezbollah s'attend à une mise en cause dans un proche avenir. «Aujourd'hui, nous sommes dans l'opposition et fermement attachés à trois principes : au respect de la Constitution, l'attachement au Tribunal spécial pour le Liban et la protection du peuple libanais face aux armes», a proclamé Hariri devant plusieurs milliers de partisans réunis, à Beyrouth, à l'occasion du sixième anniversaire de l'assassinat de son père. Une occasion qu'il n'a pas ratée pour régler ses comptes avec le parti chiite d'Hassan Nasrallah. «Nous n'acceptons pas et n'allons pas accepter la présence des armes quand elles sont tournées vers les Libanais (...) quand elles deviennent un moyen de pression pour obliger des membres du Parlement à rompre les promesses faites aux électeurs», prévient l'ancien Premier ministre, mettant ainsi fin aux tentatives de Mikati d'intégrer le parti de l'Avenir et l'ensemble du courant du 14 Mars dans un gouvernement qu'il veut rassembleur. «Nous ne sommes pas attachés au pouvoir, nous ne sommes attachés qu'à notre système démocratique et notre Constitution, félicitations à ceux qui ont volé la majorité et le pouvoir sous la menace des armes», a-t-il indiqué. Pour autant, si la sortie de Hariri dont le but est l'accusation, vaille que vaille, du Hezbollah, n'a rien de surprenant, le timing choisi l'est à plus d'un titre. Car au-delà de la célébration de ce sixième anniversaire et l'annonce, tellement prévisible, du basculement dans le camp opposant, il faut bien dire que le discours de lundi coïncide avec la reprise en force des pressions des Américains sur un Iran bousculé depuis quelques jours par des manifestations populaires anti-régime.