Le Ramadhan est un mois de piété, de générosité mais aussi celui de consommation excessive de friandises, confiseries et autres sucreries. Celui des senteurs alléchantes de gâteaux traditionnels, de tartelettes aux fruits, de brioches... Des Algérois se déplacent même jusqu'à Blida, chez un « artisan » de gâteaux traditionnels, réputé pour ses produits « innovants ». Sur les étalages, une grande variété de « zlabia », simple ou fourrée aux cacahuètes, entre autres. A côté, des gâteaux au miel. Un vrai plaisir pour l'œil mais non sans risques sur la santé. La directrice du Laboratoire de nutrition clinique et métabolique LNCM et présidente de la Société algérienne de nutrition (SAN), le professeur Malika Bouchenak, a assuré qu'en temps normal, déjà, en dehors de ramadan, les citoyens algériens consomment du sucre en dessus de la norme. « Beaucoup ont tendance à prendre du poids pendant le Ramadhan. Ceci est dû aux repas tardifs copieux et à l'excès de produits sucrés et gras. Tous ces excès sont stockés sous forme de graisses rapidement, d'où la prise de poids », indique-t-elle, relevant que l'apport nutritionnel conseillé pour le sucre (saccharose) est à limiter à moins de 10% de l'apport énergétique total qui doit être d'environ 2000 kcal/jour et ce pour une personne sédentaire ou légèrement active. Un constat partagé avec l'Association de protection et d'orientation des consommateurs et de l'environnement (Apoce). « Les Algériens sont de gros consommateurs de sucre et durant le mois de Ramadhan, il y a une surconsommation de gâteaux, de boissons de friandises....ce qui provoque un déséquilibre surtout chez les diabétiques en insuline », souligne-t-il. D'après les statistiques rapportées par l'Association des commerçants et artisans algériens (ACAA), le citoyen algérien consomme en moyenne entre 40 et 45 kilos de sucre/an. « La consommation du sucre atteint son pic durant le mois de Ramadhan et la saison estivale. 70% du sucre produit ou importé annuellement est consommé durant cette période là. Consommé par les individus et par les industriels de boissons et les fabricants de gâteaux et pâtisseries », signale le président de cette association, Hadj-Tahar Boulenouar. On consomme, selon lui, plus qu'on en a besoin. Plutôt par goût comme l'a déjà signalé le président de l'Association des producteurs algériens de boissons, Ali Hamani. Ce dernier a indiqué que la diminution du sucre dans certaines boissons n'a pas été au goût des consommateurs algériens. « Les Algériens aiment, par exemple, coca-cola sucré. Des boissons moins sucrés produites localement sont restées invendues », avait-il déclaré lors d'une rencontre sur l'industrie de boissons. Cette hausse de consommation de sucre, toutefois, n'a pas entraîné la hausse des prix, de l'avis de l'Apoce et de l'ACAA. « Le sucre est subventionné quand il est produit localement, et plafonné quand il est importé. D'où la stabilité des prix par ailleurs, le professeur Bouchenak recommande d'éviter de rompre le jeûne avec des produits sucrés, conseillant de les consommer après un repas équilibré, pour le plaisir et avec modération. « La consommation de pâtisseries et de sucreries, même en grande quantité, ne comble pas la faim et leur excès perturbe l'organisme. L'excès peut provoquer la sensation désagréable d'un trop-plein, l'indigestion, des douleurs d'estomac, des flatulences et des insomnies. Sans oublier la prise de poids et la hausse du taux de glucose, du cholestérol total et du cholestérol LDL », prévient-elle.