L'espoir du médiateur de l'ONU, Staffan de Mistura, de convoquer une nouvelle session de pourparlers de paix en juillet à Genève risque de se dissiper. Outre les divergences de vue entre les protagonistes qui ne cessent d'entraver toute avancée du processus, vingt-quatre organisations de la société civile syrienne impliquées dans les pourparlers menacent de quitter les négociations en raison de la poursuite des combats. Elles estiment que la détérioration de la situation en Syrie et le bilan de plus en plus lourd rend leur présence non seulement insignifiante mais inutile. « Si un mécanisme sérieux pour protéger nos civils et faire respecter la cessation des hostilités n'est pas mis en place, nous craignons qu'il soit impossible pour notre organisation de continuer à participer aux discussions de Genève », soulignent les ONG dans une lettre adressée au secrétaire général de l'ONU. Ces négociations, qui visent à établir une transition politique, sont dans l'impasse depuis avril. Le médiateur de l'ONU devait rendre des comptes hier devant le Conseil de sécurité des progrès de ses contacts pour relancer les négociations. En somme, la situation humanitaire sur le terrain ne prête guère à l'optimisme en raison des combats acharnés qui se poursuivent dans la province de Dair El Zor, aux environs d'Alep et Raqqa. Selon certaines sources, les troupes des combattants auraient repris hier l'aéroport militaire Abu Kamal, dans le nord-est de la Syrie, aux groupes terroristes Daech. A Tall Abyad, ville syrienne dans la province de Raqqa, frontalière avec la Turquie, contrôlée par la coalition arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes, au moins dix personnes ont été tuées et neuf autres blessées dans l'explosion hier d'une voiture piégée. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), le bilan pourrait s'alourdir en raison de la gravité des blessures. S'agit-il d'une riposte des groupes terroristes suite à la reprise de Tall Abyad, par les Kurdes syriens les privant d'un accès vital à la Turquie et les territoires qu'ils contrôlent à Raqa, leur capitale de facto. A la frontière jordanienne, la situation humanitaire se dégrade pour 70.000 réfugiés syriens. Les organisations humanitaires affirment ne plus avoir accès au camp de Rokbane depuis l'attentat-suicide du 21 juin ayant frappé l'armée jordanienne et fait sept morts. Depuis l'attentat, toutes les activités humanitaires ont été suspendues jusqu'à nouvel ordre. Cette décision risque de mettre en péril la vie des populations qui sont bloquées à la frontière.