L'Algérie aura été un carrefour où se sont entremêlées diverses cultures et civilisations, comme le révèle son legs urbanistique. Ce dernier constitue aujourd'hui un cœur des priorités des autorités publiques qui s'emploient à le ressusciter pour qu'Alger la Blanche redevienne « Sirène de la Méditerranée ». « Dzaier » comme se plaisent à l'appeler ses habitants s'évertue à préserver son histoire urbanistique au regard de la mémoire qu'elle recèle. En 2008, la wilaya d'Alger a ficelé un plan directeur d'aménagement et d'urbanisme qui se traduira par un plan d'action qui touchera plus de 55.000 anciennes bâtisses et immeubles datant de l'ère coloniale, a affirmé le conseiller du wali d'Alger chargé de l'opération d'embellissement et de restauration du vieux bâti, Mohamed Maâchouk. La ville a su garder son esthétisme architectural. En 1958, elle sera classée deuxième plus belle ville au monde, selon l'Union mondiale des architectes. Halim Faïdi, ingénieur en génie civil et détenteur du Prix Tony Garnier, a indiqué que l'Algérie, à l'instar des autres grandes villes du pays, reste témoin de notre universalité en tant qu'Algériens. La ville avait connu les prémices de la civilisation moderne avec, selon lui, la réalisation du tramway qui remonte à 1870 puis suivront les téléfériques et les conduites d'eau potable. Evoquant la particularité de « Dzaier » moderne, il dira qu'« elle a été conçue avec un intérêt particulier afin de préserver le génie de la ville séculaire, la Casbah ». Halim Faïdi insistera sur l'importance de l'adhésion des ingénieurs architectes algériens pour former une « mémoire scientifique », estimant que « la mémoire urbaine est le fait de l'homme ». Par ailleurs, les travaux d'aménagement et d'urbanisme ont concerné dans une première étape sept communes situées au cœur même de la capitale avec ses grands boulevards, a souligné M. Maâchouk qui a annoncé que le Fonds national de l'habitat avait alloué un montant de 5 millions de dinars pour couvrir l'opération de restauration de la première partie du plan. Les constructions seront confiées à 5 opérateurs chargés du suivi des travaux dans les 7 communes concernées. Il a précisé que ces bâtisses, dont l'état d'avancement est estimé à 25%, ont été réparties en trois catégories. Aujourd'hui, les bâtisses de la capitale sont considérées comme un legs urbanistique d'une préciosité inestimable. Slimane Essbaâ, ancien enseignant en hôtellerie et encadreur touristique, a affirmé que le tissu urbanistique qui revêt un caractère ottoman est désormais classé « patrimoine qui mérite une restauration pour en faire une destination touristique privilégiée et une halte qui narrera l'histoire de l'Algérie ». Il appellera les Algériens à changer leur manière de concevoir leur ville et à préserver ses constructions qui sont le fruit d'un effort humain colossal qui transparaît à travers chaque sculpture sur bois ou cuivre et même à travers les statues encore debout.