Laâlam, un peu plus de 3.000 habitants, est coincée entre les montagnes. Hormis l'électrification et le bitume sur des routes sinueuses et étroites, il n'est pas besoin d'être devin pour comprendre que cette localité n'a pas été gâtée en matière de projets de développement. C'est pourtant cette configuration singulière de sa géographie qui va créer les conditions idoines favorisant le développement de la culture de la prune. Riche en ressources hydriques, mais avec un sol bien drainant, bien exposé au soleil mais moins au vent et au gel printanier, le reste n'étant plus qu'affaire de savoir paysan. Nul ne vous dira comment ni qui a commencé à planter le prunier. Personne ne le sait. Ni comment ont été sélectionnées les variétés produites, qu'on désigne ici par prune blanche, rouge ou noire, en fonction de la couleur du fruit. Il y a également des prunes sauvages, petites et d'un jaune verdâtre ou d'un vert jaunâtre, c'est selon. Jusqu'à l'an dernier, la prune de Laâlam, si elle était bien connue et appréciée du consommateur, n'était pas une star des médias. Il eut fallu une initiative heureuse de l'association Assirem Gouraya, inspirée par la présence en plein hiver d'un fruit sur un prunier, qui a organisé la première édition de cette fête l'an dernier et récidivé cette année encore, avec l'ambition d'en faire une tradition bien ancrée. La sauce semble prendre, puisque le public, tous sexes et âges, est venu nombreux assister à cette manifestation, outre les associations locales, les officiels et les cadres d'institutions à l'instar de la Conservation des forêts, de l'UCD, de la DSA, qui ont également apporté leur contribution à l'enrichissement de l'évènement à travers la participation avec des stands d'exposition et des communications à l'intention des producteurs pour améliorer la conduite technique de cette arboriculture. Le moment fort de l'évènement fut bien évidemment la séance de dégustation de ce fruit, décliné dans toutes ses variétés locales. Les paniers pleins de délicieux fruits s'offraient aux mains nombreuses et chacun croquait dans la chair délicieuse de ce fruit si rafraîchissant en cette chaude journée. Assirem Gouraya a organisé, en cette occasion, une démonstration d'arts martiaux, un concours de dessins pour enfants avec pour thème la prune de Laâlam, bien sûr, et un autre, culinaire cette fois, qui a mis aux prises les cordons bleus de la localité. Une action de solidarité a également permis à un handicapé moteur de disposer enfin d'un fauteuil roulant. La seconde partie du programme a consisté en une randonnée pédestre à travers les vergers de prunes jusqu'à la rivière aux eaux chantantes qui lèche le pied de la montagne et serpente entre les lauriers roses et une rocaille harmonieusement disposée par une nature généreuse. Malgré le confort de la vie moderne, les femmes du village n'ont pas dérogé à la coutume de laver encore leur linge dans ces eaux claires ou de cueillir les herbes aromatiques ou médicinales qui poussent aux alentours. Les enfants, pour leur part, s'adonnent à cœur joie aux plaisirs aquatiques que permettent les nombreux trous d'eau. Les randonneurs, une fois repus du paysage alentour, s'en sont allés faire la découverte d'une source d'eau fraîche bienvenue après cette marche sous le soleil et en boire jusqu'à satiété. L'une des particularités de Laâlam est justement d'être riche en ressources hydriques. Rivières, sources et hautes cascades s'évertuent à tenir au vert cette contrée enserrée entre les flancs des montagnes escarpées qui l'entourent. Le prunier y a trouvé les conditions idéales pour son épanouissement et récompense généreusement les paysans qui l'entretiennent, tout comme le reste de leurs vergers, à la façon bio. Pas seulement en quantités. La prune de Laâlam est réputée pour son goût exquis, de sorte qu'elle n'a aucune difficulté à se commercialiser sur les marchés de Bejaïa, Sétif ou Jijel. Cette année, toutefois, les quantités n'ont pas été au rendez-vous à cause des conditions climatiques peu propices, renchérissant notablement les prix au détail. La Fête de la prune constitue assurément une occasion propice pour Laâlam de se faire connaître du reste du pays. La région dispose d'appréciables atouts pour favoriser l'écotourisme et les sports de montagne. C'est d'ailleurs à cela que tendent les efforts d'Assirem Gouraya qui milite par des actions concrètes à la valorisation des produits du terroir, la lutte contre les incendies de forêt, le développement, la promotion de la femme rurale à travers ses activités artisanales et agricoles, etc. Avec de la persévérance et la convergence des efforts des différents acteurs, qu'ils soient institutionnels ou associatifs, nul doute que ces objectifs pourront être atteints dans un proche avenir.