Medjad Maâmar est un artiste hors du commun. Il utilise une technique très peu répandue en Algérie ou presque pas connue dans les milieux artistiques. Venu d'El Eulma, dans le cadre de la semaine culturelle sétifienne à Oran et lors d'un entretien, il nous parle de cette technique qu'il appelle peinture par spray. Cette peinture lui a permis de réaliser des tableaux qui donnent une toute autre impression, quant à la nature de la technique utilisée. La voix de l'Oranie: Tout d'abord, parlez-nous de vos débuts en tant qu'artiste? Medjad Maâmar: C'est avant tout une vocation, un amour des couleurs qui m'a conduit à chercher un moyen particulier pour m'exprimer. Et lors d'un voyage en France, j'ai découvert cette technique en observant des artistes en action, et là, ce fut le coup de foudre. J'ai tout de suite voulu plonger dans le bain, comme on dit, et quelques artistes me l'ont volontiers apprise. Revenu en Algérie, je me suis tout de suite mis à l'appliquer, sans pour autant faire l'école des Beaux arts. Je suis un pur autodidacte. Une vocation sur laquelle j'ai tout misé pour me perfectionner et que je maîtrise aujourd'hui parfaitement. - Quels sont les moyens que vous utilisez pour peindre vos tableaux? - Les mêmes qu'utilisent les tagueurs pour peindre leurs graffitis sur les murs, de simples bombes de peinture à spray de différentes couleurs qu'on utilise pour la décoration, généralement. - Il nous semble que cette technique est un peu hors du commun? - Oui, en effet, elle exige beaucoup de tact, patience et savoir-faire pour parvenir à manipuler ces bouteilles de peinture. En plus, je dois utiliser un papier spécial, qui ne tache pas et absorbe bien la peinture, pour pouvoir ainsi réaliser des tableaux en une heure ou parfois même en une heure et demie. - On voit que dans vos tableaux, l'imaginaire frôle le réel, pourquoi donc cette tendance? - L'imaginaire a toujours pris une place de choix dans mes œuvres et j'use également du réel. Je puise ainsi un peu des deux pour n'en faire qu'une œuvre qui se complète. - En tant qu'artiste, à quel courant artistique pensez-vous appartenir? - Je me reconnais dans l'Expressionnisme et le Réalisme, que l'on remarque souvent dans les tableaux que je peins. - La nature et l'astronomie ont une présence dans quasiment toutes vos œuvres, pourquoi ce penchant? - C'est un peu le rêve, l'imaginaire, un monde qui me plait et m'inspire. - Des expositions? - Oui j'ai exposé, seul et en groupe à El Eulma et à Sétif, à diverses occasions et fêtes nationales ainsi que dans les semaines culturelles qui ont conduit la wilaya de Sétif à Chlef, puis Djelfa et actuellement à Oran. - En tant qu'artiste, que vous ont apporté ces semaines culturelles? - Elles m'ont beaucoup donné, entre autres, côtoyer d'autres artistes et permettre aux autres de se familiariser avec ma technique. - A propos de technique, avez-vous l'intention de la transmettre à d'autres jeunes artistes? - Oui, puisque je pense que je suis le seul à Sétif et peut-être en Algérie, à peindre et à utiliser la peinture par spray. En Europe, cette méthode est très répandue et plusieurs artistes tendent à pencher vers cette technique. C'est aussi devenu un courant artistique qui s'étudie dans les écoles des Beaux arts. - Un dernier mot? - Aller de l'avant dans mon domaine, perfectionner mon travail, côtoyer d'autres artistes pour plus d'échange et apprendre cette technique à de jeunes talents pour qu'elle ne se perde pas. Propos recueillis par Boukhallat Nadia