Les rencontres nationales des cadres du tourisme se sont clôturées mardi dernier avec une série de recommandations qui touchent toute la chaîne touristique, en passant par la formation et l'hôtellerie ainsi que l'artisanat. Ainsi, en termes de formation, les experts ont proposé une série de mesures consistant à identifier les faiblesses qui entachent l'appareil de formation touristique et hôtelière avant de se pencher sur les solutions à adopter. Ils relèvent notamment l'absence d'une stratégie globale de formation, basée sur des données fiables et le manque d'engagement des professionnels du tourisme dans l'acte de formation. Très peu parmi ces derniers, font remarquer ces cadres, jouissent d'une culture de formation solide. Il existe également, selon eux, une inadéquation entre les spécificités et besoins locaux et les filières enseignées. Ils déplorent aussi la non-implication du représentant local du secteur du tourisme dans les commissions de wilaya pour l'octroi des agréments d'exploitation des écoles privées de formation et l'absence de mécanismes d'incitation et de valorisation des qualifications. Le secteur de la formation souffre aussi d'un déficit en ressources humaines qualifiées, accentué par l'absence d'une école professorale à même de prendre en charge la qualification des enseignements dans les techniques liées aux métiers du tourisme et de l'hôtellerie. La formation, un maillon à renforcer Les experts notent l'absence de référentiels de formation et l'indifférence des professionnels vis-à-vis des contenus et programmes et la non-existence d'outils et de mécanismes d'évaluation périodique des compétences techniques des formateurs. Les infrastructures de formation (ENST, INTHT de Tizi Ouzou et de Boussaâda) sont, d'après eux, ne répondent plus aux normes internationales. En conséquence, la mise en place d'une stratégie de développement de la formation à intégrer dans la politique globale de développement du tourisme est recommandée, voire nécessaire. Ils appellent aussi à la mise en place d'un organe consultatif dans les établissements de formation spécialisés pour définir les besoins en spécialités et les filières à ouvrir, adapter les programmes de formation aux exigences du touriste et aux besoins locaux. Il est essentiel aussi, d'après ces experts, de mettre en place un guide pour fixer les critères techniques et pédagogiques objectifs qui permettent à la direction du tourisme d'évaluer, avec la commission présidée par le secteur de la formation professionnelle, les conditions d'octroi des agréments. Les cadres du tourisme estiment que les diplômes doivent faire l'objet d'une évaluation et les capacités professionnelles des inspecteurs du tourisme renforcées. Les experts se sont penchés également sur la problématique du foncier touristique en suggérant, pour commencer, l'assainissement du foncier touristique (ZET) classé ayant subi des agressions et utilisé à d'autre fins autres que touristiques. La reconstitution, ensuite, du foncier touristique à travers le classement de nouvelles ZET en tenant compte des schémas directeurs de l'aménagement touristique (SDATW), de l'étude du bilan thermal pour les ZET à vocation thermale dans le but, entre autres, de diversifier les produits touristiques. Redresser le Foncier touristique Toujours dans ce contexte, il est recommandé d'intégrer des projets hôteliers à structures légères dans l'élaboration des plans d'aménagement touristique et d'inciter les propriétaires privés de terrains situés à l'intérieur des ZET à réaliser des projets touristiques. Déterminer aussi la destination des terres agricoles et des forêts à l'intérieur des ZET, avec la mise en place d'un comité intersectoriel. Pour ce qui est de la promotion de l'investissement touristique, les experts appellent à la révision de la valeur vénale en vue de la réduction du coût de la concession du terrain et à l'installation d'un comité intersectoriel en vu de définir le cadre réglementaire pour l'application des dispositions de l'article 45 de la loi N°90/29 du 1er décembre 1990 relative à l'aménagement et l'urbanisme, qui doit préciser la nature des infrastructures hôtelières et touristiques nécessitant la proximité de la mer d'une part, et pour faciliter la procédure de l'obtention du permis de construire des projets touristiques et hôteliers, d'autre part. Un comité intersectoriel également pour une meilleure prise en charge des demandes de crédits bancaires pour le financement des projets touristiques et leur suivi jusqu'à leur aboutissement. A propos des entreprises publiques de tourisme, les professionnels du secteur estiment qu'il faudra d'abord diagnostiquer leurs faiblisses et lacunes avant de les reconfigurer. Engager, en fait, une réflexion pour évaluer le fonctionnement et l'organisation du secteur publique marchand du tourisme. Pour ces experts, il serait judicieux de mettre en place une structure multidisciplinaire au niveau du ministère chargé du Tourisme pour le suivi de la modernisation de ces infrastructures et favoriser le partenariat entre les opérateurs du tourisme et thermalisme public/privé. Il faudra réfléchir aussi, selon eux, à la nécessité d'accorder des mesures incitatives aux structures touristiques à activités saisonnières et associer les collectivités locales dans l'aménagement de l'environnement extérieur des établissements touristiques. Remodeler l'artisanat L'artisanat a été évoqué dans ces rencontres comme un vecteur économique prometteur, à condition qu'il soit « remodelé ». La matière première est le premier maillon de la chaîne artisanale à redorer et ce, en l'assainissant et en encourageant les investissements pour sa production, avec le concours de la recherche scientifique. Les professionnels recommandent aux artisans de se rassembler dans un groupement pour accéder à la matière première d'une façon collective et appellent à la création de PME qui joueront le rôle d'intermédiaires entre ces artisans et les fournisseurs de cette matière. Sur le plan formation, la confection d'un schéma national pour former les artisans et les cadres du secteur est souhaitable ainsi qu'une collaboration étroite avec l'enseignement professionnel pour la création de nouvelles activités. En matière de contrôle et de lutte contre la contrefaçon, les experts proposent la création de laboratoires de vérification de la conformité des produits et le renforcement des équipes des inspecteurs. Normaliser l'artisanat et labéliser les produits algériens en garantissant la protection de propriété. Dans le registre de la commercialisation, les cardes du Tourisme estiment que la présence des produits algériens est indispensable dans les foires étrangères de même que la réactivation des offices du tourisme pour la promotion de des œuvres d'arts artisanales nationales. Les points de vente de ces produits, par ailleurs, ne doivent pas obéir à un timing administratif, surtout durant la saison estivale. Obliger, en outre, d'une façon officielle, les infrastructures hôtelières à réserver des espaces dédiés à l'artisanat local et introduire l'artisanat comme une norme dans la classification des hôtels. Les chambres de l'artisanat doivent, d'après ces experts, accompagner les artisans dans la commercialisation et l'exportation et conclure des conventions et des jumelages avec des associations et organisations nationales et internationales pour la promotion de l'artisanat national.