« Le pouvoir du peuple a vaincu le pouvoir des chars », s'est félicité dans l'hémicycle le Premier ministre Binali Yildirim, après l'annonce des résultats, 346 votes pour le « oui » contre 115 pour le « non ». Prévu par l'article 120 de la Constitution turque, l'état d'urgence peut être imposé sur tout ou une partie du territoire pour une période maximale de six mois en cas de risque grave d'actes de violence destinés à détruire l'ordre démocratique, selon l'agence de presse Anadolu. Le vice-Premier ministre Numan Kurtulmuse avait déclaré la matinée que le gouvernement turc espère pouvoir lever l'état d'urgence « dans un mois ou un mois et demi si les conditions reviennent à la normale » après le putsch raté du 15 juillet. Bien qu'elle prévoit des restrictions aux libertés de manifester ou de circuler, cette mesure n'a pas empêché les Turcs de descendre, jeudi dernier, en masse dans la rue, à l'appel du président Recep Tayyip Erdogan contre le putsch raté qui a fait 265 morts. Plusieurs milliers de Turcs ont défilé sur le pont du Bosphore, à Istanbul, pour exprimer leur soutien au président Erdogan et protester contre la tentative de coup d'Etat qui a manqué de le renverser. Munie de flambeaux et drapeaux, la foule compacte a scandé le nom du président Erdogan, brandissant des pancartes proclamant : « Nous veillons sur la patrie » ou encore « Ils (les putschistes) avaient tout prévu, sauf le destin ». Ce pont a été le théâtre de développements importants dans la nuit dramatique du 15 au 16 juillet : au début du coup d'Etat, les putschistes y avaient positionné des chars, bloquant la circulation et tiré sur la foule. Erdogan avait appelé jeudi les Turcs à rester mobilisés dans les rues, affirmant que « les propriétaires des places (publiques) ne sont pas les chars. Les propriétaires sont la nation ». Selon certaines sources, l'état d'urgence a été instauré pour trois mois et prévoit notamment des restrictions aux libertés de manifester ou de circuler. n'a pas laissé indifférents les pays de l'Union européenne. Ils n'ont pas tardé à exprimer leurs vives inquiétudes. La chef de la diplomatie de l'Union européenne, Federica Mogherini, et le commissaire européen à l'Elargissement, Johannes Hahn, ont déclaré suivre de très près et avec inquiétude l'instauration de l'état d'urgence en Turquie. « Nous suivons les développements concernant l'état d'urgence que la Turquie a instauré après la tentative de coup d'Etat, que l'UE a condamné, de très près et avec inquiétude », ont déclaré les deux responsables européens dans un communiqué conjoint. Les deux diplomates européens ont appelé les autorités turques à respecter en toutes circonstances l'Etat de droit, les droits de l'Homme et les libertés fondamentales, y compris le droit de chacun à un procès équitable. Jusqu'à présent, 10.410 personnes ont été placées en garde à vue et 4.060 autres ont été mises en détention.